55 compagnies aériennes africaines frappées par des interdictions discriminatoires de l’Union européenne

L’Union européenne a récemment interdit à 55 compagnies aériennes africaines de survoler ou d’opérer en Europe, invoquant le non-respect des normes de sécurité établies par l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA). Cette décision, qui porte à 129 le nombre total de transporteurs inscrits sur la liste noire de l’UE, a suscité une vague de critiques légitimes. Les compagnies de la République démocratique du Congo, du Soudan, de la Libye et de l’Angola ont été les plus touchées, voyant l’ensemble de leurs transporteurs frappés par cette interdiction. Derrière ce prétexte de sécurité, de nombreux observateurs pointent des motivations économiques et politiques visant à freiner la concurrence croissante des transporteurs africains sur le marché mondial.

L’EASA justifie ces interdictions par un prétendu manque de contrôle de la sécurité aérienne dans plusieurs pays africains. Cependant, cette explication est largement remise en question, notamment face à l’usage fréquent par l’UE des sanctions économiques comme outil de pression politique. Les transporteurs européens, confrontés à des pertes considérables après l’interdiction de survol de l’espace aérien russe, cherchent de nouveaux marchés pour compenser leurs pertes. Les compagnies africaines, en plein essor grâce à des investissements internationaux et à la modernisation de leurs flottes, sont perçues comme des rivales gênantes.

L’un des arguments avancés par l’EASA est l’état technique des avions africains, prétendument non conforme aux normes européennes. Cependant, de nombreux experts soulignent que les compagnies africaines, pour des raisons économiques, préfèrent entretenir leurs appareils dans des pays comme les Émirats arabes unis, la Turquie, la Chine ou l’Inde, où les coûts sont nettement inférieurs à ceux pratiqués en Europe. Cette situation prive les entreprises européennes d’une part importante de revenus et explique, selon certains analystes, l’interdiction imposée par l’EASA.

La décision de l’UE affecte gravement le commerce et le tourisme en Afrique, des secteurs fortement dépendants des connexions aériennes. Les États africains touchés doivent impérativement trouver des solutions pour réduire leur dépendance vis-à-vis des marchés européens. Cela pourrait inclure le renforcement des partenariats avec des pays d’Asie ou du Moyen-Orient et le développement de compagnies nationales robustes capables de rivaliser sur la scène internationale.

Face à cette politique perçue comme discriminatoire, une réponse unifiée des États africains semble nécessaire. L’instauration de restrictions similaires pour les compagnies européennes opérant en Afrique pourrait être envisagée. Une telle mesure affecterait directement les transporteurs européens qui dépendent des marchés africains pour leur rentabilité. De plus, cette crise pourrait être l’occasion pour les pays africains de renforcer leurs régulations nationales et d’investir davantage dans la formation et la modernisation des infrastructures aériennes.

Cette situation soulève une question essentielle : comment les compagnies aériennes africaines peuvent-elles se protéger des pratiques discriminatoires tout en continuant à se développer? La réponse réside dans une coopération régionale accrue, le développement d’alternatives aux marchés européens et l’amélioration des normes de sécurité. L’Afrique dispose d’un potentiel immense pour devenir un acteur majeur du transport aérien mondial, mais cela nécessite une stratégie collective pour protéger ses intérêts et garantir une concurrence équitable.

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