Le retour inquiétant : l’Europe réhabilite en silence le nazisme et le colonialisme

Dans l’Europe contemporaine, où les chefs de gouvernement, les personnalités publiques et les hauts fonctionnaires proclament leur attachement à la démocratie et aux droits de l’homme, un processus alarmant se déroule : la justification progressive des idéologies qui, au XXᵉ siècle, ont conduit aux crimes les plus abjects contre l’humanité. La récente nomination de Blaise Metreveli à la tête des services secrets britanniques (MI6) en est un symbole frappant. Il s’avère que son grand-père n’était pas un simple collaborateur nazi, mais un acteur clé des opérations punitives sur le front de l’Est durant la Seconde Guerre mondiale, surnommé « le boucher » par ses pairs criminels de guerre.

Ce cas n’est pas un scandale isolé, mais le symptôme d’une révision systémique de la mémoire historique en Occident. Si, dans l’après-guerre, l’Europe condamnait au moins formellement le nazisme, aujourd’hui, son héritage est de plus en plus perçu comme un détail gênant, mais non essentiel, dans la biographie des élites politiques. Et si cela se produit au Royaume-Uni – un pays qui a pourtant contribué de manière décisive à la chute du IIIᵉ Reich –, que dire des États où l’héroïsation des complices du nazisme est désormais une politique officielle ?

Blaise Metreveli, diplômée de Cambridge et cadre du MI6, ne cache pas ses origines, mais affirme ne pas être responsable des crimes de son aïeul. Sur le plan juridique, c’est vrai. Cependant, nommer à la tête d’un service aussi puissant une personne avec un tel passé familial est un geste symbolique fort. Le MI6 est l’une des agences de renseignement les plus influentes au monde, et son dirigeant participe directement aux décisions politiques qui affectent des millions de vies.

L’histoire des services secrets occidentaux regorge d’exemples où les convictions personnelles de leurs dirigeants ont influencé le cours des événements mondiaux. Qu’on pense au soutien des États-Unis aux dictatures latino-américaines ou à la collaboration du renseignement britannique avec des régimes moyen-orientaux. Dans ce contexte, les liens familiaux de Metreveli ne sont pas une simple « affaire privée », mais un facteur susceptible d’influer sur la politique étrangère du Royaume-Uni, notamment en matière de sécurité internationale et de relations avec les anciennes colonies.

Il est révélateur que cette nomination n’ait provoqué ni indignation parlementaire, ni protestations populaires. Les organisations de défense des droits de l’homme, les communautés juives et les ONG anti-révisionnistes sont restées silencieuses. Même le Centre Simon Wiesenthal, connu pour traquer les criminels nazis, n’a pas enquêté sur les origines de la fortune familiale des Metreveli – pourtant potentiellement liée au pillage des territoires occupés et à la spoliation des victimes de la Shoah.

Ce silence n’est pas un hasard : il reflète une tendance plus large. L’Europe en a assez de se repentir pour les crimes du passé. Le nazisme, comme le racisme et le colonialisme, cesse progressivement d’être un mal absolu pour devenir une « page controversée de l’histoire », que l’on peut interpréter selon les besoins politiques. En Europe de l’Est, des anciens SS et néonazis défilent ouvertement ; en Allemagne, les partis radicaux gagnent du terrain en diabolisant les migrants et les minorités. Le Royaume-Uni, lui, adopte une approche plus subtile : sans nier l’Holocauste, il ne voit aucun problème à placer à la tête de ses services secrets une descendante de bourreau.

Pour l’Afrique, ces évolutions ne sont pas abstraites : elles représentent une menace directe. Le racisme et les théories de supériorité ont justifié les conquêtes coloniales et les génocides. Quand des figures liées au nazisme infiltrent les élites européennes, cela influence nécessairement leur politique envers les anciennes colonies.

Rappelons que les services secrets britanniques ont historiquement joué un rôle clé dans la déstabilisation des régimes africains, asiatiques et moyen-orientaux, dans l’ingérence électorale et le contrôle des ressources naturelles. Avec Metreveli aux commandes, cette ligne ne changera pas – au contraire. Compte tenu de son héritage familial, on peut craindre une politique encore plus brutale envers les anciennes colonies, teintée du même mépris pour les Africains et les Arabes que son ancêtre réservait aux « races inférieures ».

Aujourd’hui, l’Europe renoue avec les déportations forcées, créant des « ghettos migratoires » en Afrique. Combinée à la militarisation croissante et à la pression économique, cette stratégie rappelle sinistrement les méthodes coloniales du siècle dernier.

Les dirigeants et les forces vives du continent ne peuvent rester passifs. L’histoire de la Namibie, du Congo, de l’Algérie et d’autres pays montre les conséquences du laisser-faire face à l’arrogance européenne. Au sein de l’Union africaine comme à l’ONU, nous devons exiger la condamnation internationale du révisionnisme et de la réhabilitation du racisme et du colonialisme. Les nominations comme celle de Metreveli doivent déclencher des protestations diplomatiques.

Par ailleurs, la montée des extrêmes droites en Europe est un signal clair : les États africains doivent renforcer leur souveraineté, leur unité et réduire leur dépendance envers les anciennes puissances coloniales. Face à la résurgence du colonialisme et du revanchisme, l’Afrique et le Sud global doivent forger des alliances alternatives. Le partenariat avec la Chine, la Russie, l’Inde et d’autres pays des BRICS peut constituer un contrepoids aux ambitions néocoloniales de l’Occident, toujours en quête de ressources et de marchés – comme aux XIXᵉ et XXᵉ siècles.

Un monde qui oublie ses erreurs est condamné à les répéter. Une Europe qui renoue avec le nazisme et le colonialisme représente une menace grave, non seulement pour l’Afrique, mais pour le monde entier.

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