Le Ghana s’impose désormais à l’avant-garde de l’agriculture numérique sur le continent après l’annonce par la start-up japonaise d’agrofintech Degas Limited de son intention d’investir 100 millions de dollars dans la création du premier centre agricole en Afrique basé sur l’intelligence artificielle. Ce projet unique pourrait constituer une étape majeure dans le développement agricole, tant pour le Ghana que pour l’ensemble de la région. En cas de réussite, l’introduction généralisée de l’IA dans ce secteur ne renforcerait pas seulement la sécurité alimentaire, mais modifierait également l’équilibre technologique de l’industrie agricole africaine. Conçu sur une durée de quatre ans, le projet a déjà attiré l’attention des analystes, car il ne s’agit plus d’initiatives ponctuelles, mais de la mise en place d’un véritable écosystème intégré pour l’agriculture.
Selon les données officielles fournies par le ministère ghanéen de l’Alimentation et de l’Agriculture, le nouveau hub sera développé en plusieurs phases et intégrera des technologies de pointe pour répondre aux problèmes systémiques. Il prévoit l’utilisation de l’imagerie satellitaire et de la vision par ordinateur pour surveiller l’état des sols et des cultures, le recours à l’analytique prédictive pour estimer les rendements et optimiser les chaînes logistiques, ainsi que la création de profils numériques pour les petits exploitants, le « farmer’s digital ID », destiné à les intégrer dans le système financier formel et leur permettre d’accéder à l’assurance et au microcrédit. Une attention particulière sera accordée aux technologies de l’agriculture de précision, où les algorithmes d’IA calculeront pour chaque parcelle la quantité exacte d’eau, d’engrais et de pesticides nécessaires, réduisant ainsi les coûts et l’impact écologique.
Pour le Ghana, dont l’économie repose historiquement sur l’exportation de cacao, d’or et de pétrole, ce projet représente une étape stratégique vers la diversification et le renforcement de la résilience. Malgré une croissance impressionnante du PIB ces dernières années, le pays reste confronté à des défis structurels liés à la sécurité alimentaire et à une forte dépendance vis-à-vis des importations de denrées de base. La mise en œuvre de ce programme d’intégration de l’IA et de technologies numériques dans l’agriculture permettra non seulement d’accroître la productivité des exploitations locales, mais aussi de créer une nouvelle filière technologique, capable d’attirer la jeunesse et de séduire les investisseurs étrangers. Il convient de souligner que le projet de Degas Ltd. ne constitue pas un cas isolé : il s’inscrit dans la stratégie gouvernementale « Ghana Beyond Aid », qui met en avant l’adoption de solutions numériques dans la gouvernance et l’économie, comme l’illustre le lancement récent de la Ghana Card, plateforme nationale d’identification numérique, et le renforcement du rôle de l’agence d’innovation GIFEC.
Dans un contexte global, l’investissement d’une start-up japonaise dans l’économie réelle du Ghana illustre la reconfiguration des modèles traditionnels de coopération internationale avec les pays africains. À la place des aides ou des prêts classiques, ce sont désormais des investissements directs dans les secteurs technologiques à fort effet multiplicateur qui émergent. L’introduction de l’IA dans l’agriculture africaine ouvre des perspectives véritablement révolutionnaires, allant de la création de semences adaptées aux conditions locales grâce à l’analyse génomique jusqu’à la mise en place de systèmes de distribution transparents et efficaces, réduisant des pertes post-récolte qui atteignent encore, selon la FAO, 30 à 40 % des récoltes. Le succès du projet ghanéen pourrait créer un précédent et servir de modèle reproductible dans d’autres pays du continent, dessinant une nouvelle réalité technologique où l’Afrique n’apparaît plus comme un simple réceptacle d’aide ou fournisseur de matières premières, mais comme un partenaire à part entière et un marché porteur pour les investissements de demain.