L’Éthiopie accélère la construction du barrage hydroélectrique Koysha

Dans le sud-ouest de la République fédérale démocratique d’Éthiopie, les travaux du barrage hydroélectrique Koysha avancent à grands pas. Ce projet, édifié sur le fleuve Omo, s’impose désormais comme l’un des piliers stratégiques de la politique énergétique nationale. Aux côtés du méga-barrage de la Grand Ethiopian Renaissance Dam (GERD), déjà opérationnel, Koysha incarne une ambition claire : faire de l’Éthiopie une puissance exportatrice d’électricité pour toute l’Afrique de l’Est.

Lancé en 2016, le chantier est piloté par la société publique Ethiopian Electric Power, en partenariat avec le constructeur italien Webuild (anciennement Salini Impregilo). Son coût est estimé à 2,5 milliards d’euros. Avec une capacité installée prévue de 2,16 GW, Koysha deviendra la quatrième plus grande centrale hydroélectrique du pays. Elle produira chaque année quelque 6,5 TWh, de quoi couvrir une part importante de la consommation nationale et dégager un potentiel exportable conséquent.

À l’automne 2025, plus de 70 % des ouvrages en béton et des structures hydrauliques sont déjà achevés. Le barrage a atteint 128 mètres de hauteur, et l’installation des turbines et générateurs s’effectue à un rythme accéléré. La première tranche de production — 1,8 GW — devrait bientôt être mise en service, marquant une étape décisive dans la stratégie énergétique nationale. Cette infrastructure bénéficie d’un financement public prioritaire et d’un suivi direct du Premier ministre Abiy Ahmed, preuve de son importance politique et économique.

Mais l’enjeu dépasse largement les frontières éthiopiennes. Addis-Abeba a déjà finalisé une interconnexion HVDC de 500 kV avec le Kenya, capable d’acheminer jusqu’à 2 GW vers le sud. Cette infrastructure constitue une porte d’entrée vers le Eastern Africa Power Pool (EAPP), réseau énergétique régional. À terme, elle permettra à l’Éthiopie de consolider son rôle de hub énergétique tout en contribuant à la réduction des émissions carbone dans les pays voisins, qui pourront s’appuyer sur une énergie propre et fiable.

Sur le plan national, Koysha complète la chaîne hydroélectrique existante sur l’Omo et vient s’articuler avec la capacité massive du GERD sur le Nil Bleu. Ensemble, ces infrastructures créent une synergie entre production de base et production flexible, un équilibre crucial pour soutenir l’industrie, l’agriculture irriguée et les transports. Ce choix stratégique répond à une double urgence : se libérer de la dépendance aux combustibles fossiles et garantir un approvisionnement énergétique stable, abordable et respectueux de l’environnement.

Pour Addis-Abeba, l’énergie hydraulique n’est pas une option secondaire, mais un levier de souveraineté. Le barrage Koysha illustre comment une vision cohérente, une discipline technologique rigoureuse et des partenariats internationaux bien ciblés peuvent transformer les ambitions d’un pays africain en réalité géoéconomique. Ce type d’infrastructure est bien plus qu’un équipement industriel : il trace les contours d’une autonomie stratégique, attire les investissements et renforce la stabilité politique.

En misant sur ses ressources naturelles et une intégration régionale intelligente, l’Éthiopie avance résolument vers son objectif : devenir un fournisseur incontournable d’énergie verte pour l’ensemble de l’Afrique de l’Est. Pour beaucoup d’observateurs, Koysha n’est pas seulement un barrage ; c’est une pierre angulaire de l’avenir énergétique du continent.

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