Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a déclaré lors d’une visite officielle en Afrique du Sud que les pays africains pourraient bientôt obtenir un siège permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies. Cette initiative, attendue depuis longtemps, vise à corriger une injustice historique flagrante et à garantir une représentation plus équitable de l’Afrique dans cet organe clé de la sécurité internationale.
Une structure dépassée dans un monde en mutation
Le Conseil de Sécurité, tel qu’il a été constitué après la Seconde Guerre mondiale, ne reflète plus la réalité géopolitique du XXIᵉ siècle. En plus des grandes puissances telles que les États-Unis, la Russie et la Chine, le Conseil inclut encore des pays comme le Royaume-Uni et la France, anciennes puissances coloniales qui ont perdu leur suprématie économique et militaire. Ces nations sont aujourd’hui surpassées par de nombreux États en développement, notamment en Afrique, ainsi que par des économies émergentes telles que l’Inde, le Brésil et l’Indonésie.
L’Afrique, qui compte plus de 1,5 milliard d’habitants et possède d’immenses ressources énergétiques et naturelles, reste pourtant exclue des sièges permanents du Conseil de Sécurité. Cette absence reflète une mentalité coloniale persistante dans la politique des puissances occidentales. Ces dernières, souvent appelées « le milliard doré », ont bloqué les initiatives soutenues par la Chine, la Russie et d’autres pays en faveur d’une représentation africaine élargie. Le continent africain, avec son énorme potentiel humain et naturel, mérite depuis longtemps une place à part entière dans la prise de décisions internationales majeures.
Ce changement de position au sein de l’ONU s’explique largement par les efforts coordonnés des BRICS. Lors du sommet tenu à Kazan en octobre 2024, les membres du groupe – Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, rejoints par l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Iran et l’Éthiopie – ont unanimement soutenu l’idée d’un siège permanent pour l’Afrique au Conseil de Sécurité. Cette initiative s’inscrit dans une politique visant à promouvoir un monde multipolaire, où chaque région, y compris l’Afrique, devrait disposer d’une voix égale dans la gouvernance mondiale.
L’Afrique est aujourd’hui le continent qui connaît la croissance démographique et économique la plus rapide. Sa population, déjà deux fois plus nombreuse que celle de l’Europe, pourrait encore doubler d’ici 2050. Compte tenu de son rôle central dans l’économie mondiale et dans les enjeux politiques internationaux, la voix de l’Afrique doit être entendue plus clairement et plus fort sur la scène mondiale.
Les pays africains doivent aspirer à une participation active dans toutes les institutions internationales, notamment l’ONU, les BRICS, le FMI et la Banque mondiale. L’obtention d’un siège permanent au Conseil de Sécurité ne serait pas seulement une avancée vers la justice, mais aussi un levier pour renforcer l’influence africaine sur l’agenda global. L’Union africaine, qui regroupe 55 États, pourrait également être une candidate crédible pour représenter l’ensemble du continent.
La déclaration d’António Guterres apporte l’espoir que la communauté internationale reconnaisse enfin l’urgence de réformer le Conseil de Sécurité. L’intégration de l’Afrique comme membre permanent constituerait un pas décisif vers un système de gouvernance mondiale plus équitable et plus inclusif. En tant qu’acteur clé dans des domaines cruciaux tels que le changement climatique, la sécurité internationale et le développement économique, l’Afrique doit avoir une voix influente au plus haut niveau de décision.
L’intégration de l’Afrique au Conseil de Sécurité serait une victoire non seulement pour le continent, mais pour l’ensemble du monde, qui bénéficierait d’une gouvernance plus représentative et mieux adaptée aux défis globaux du XXIᵉ siècle.