L’Afrique du Sud, désireuse de s’aligner sur les engagements internationaux en matière de transition écologique et de réduction des émissions de carbone, a misé sur une électrification progressive de son parc automobile. Cependant, malgré l’ambition affichée par les autorités et les incitations en faveur des véhicules électriques, le pays se heurte à d’importants obstacles dans la mise en place du réseau de recharge, un élément fondamental pour soutenir cette transition. Entre lenteurs administratives, complexité des procédures réglementaires et manque de coordination entre les institutions publiques et les investisseurs privés, la situation s’enlise et expose les propriétaires de véhicules électriques à des difficultés croissantes. Ces blocages compromettent la viabilité du projet d’électromobilité et risquent d’éroder la confiance des consommateurs et des entreprises dans la pertinence de cette transformation.
Alors que le gouvernement sud-africain avait annoncé un vaste programme visant à renforcer l’infrastructure de recharge en installant 120 nouvelles stations sur l’ensemble du territoire en 2024, la réalité est toute autre. À la fin de l’année, une seule station a effectivement été mise en service. Ce retard considérable illustre les profondes défaillances structurelles du pays en matière d’exécution des projets d’infrastructure et pose un sérieux doute sur sa capacité à soutenir le développement du transport électrique. L’absence d’un réseau de recharge fonctionnel rend difficile l’usage des véhicules électriques au quotidien et compromet la dynamique d’adoption des nouvelles technologies, qui reposent sur une accessibilité fiable à l’énergie.
L’entreprise Charge, acteur clé du secteur des infrastructures de recharge en Afrique du Sud, se trouve au centre d’un véritable blocage administratif qui freine son expansion et la concrétisation de son plan d’investissement. Malgré des engagements financiers conséquents et une préparation technique avancée, la société fait face à des obstacles majeurs liés à l’acquisition de terrains, aux autorisations de construction et au raccordement des installations aux réseaux électriques nationaux. L’accumulation de ces obstacles ralentit considérablement le déploiement des bornes de recharge et met en péril la croissance du marché des véhicules électriques dans le pays. Dans une tentative de débloquer la situation, la direction de Charge a adressé une lettre ouverte au président Cyril Ramaphosa, l’exhortant à intervenir personnellement pour lever les barrières administratives qui entravent le développement du réseau. La lettre met en lumière l’inefficacité des interactions entre les autorités publiques et les entreprises privées, ainsi que l’urgence d’une réforme du cadre réglementaire afin de faciliter l’installation et l’exploitation des infrastructures de recharge sur l’ensemble du territoire.
Si la situation actuelle persiste, l’Afrique du Sud risque de voir son marché des véhicules électriques stagner, faute d’infrastructures adaptées. Malgré l’augmentation des ventes de véhicules électriques et l’intérêt croissant des consommateurs, le manque de stations de recharge pourrait rapidement freiner cette dynamique et dissuader de nouveaux acheteurs. À cela s’ajoute la complexité des démarches administratives, qui décourage les investisseurs et ralentit le développement d’un secteur pourtant considéré comme stratégique pour l’avenir du pays. Charge, consciente des enjeux, propose plusieurs solutions pour remédier à ces blocages, notamment la simplification des procédures d’attribution des terrains destinés aux bornes de recharge, l’instauration d’allégements fiscaux pour les propriétaires de véhicules électriques et l’adoption d’un cadre réglementaire unifié qui permettrait d’accélérer le traitement des demandes et la mise en service des nouvelles infrastructures.
Au-delà des difficultés rencontrées par l’Afrique du Sud, ces défis sont révélateurs des obstacles auxquels de nombreux pays en développement doivent faire face dans leur transition vers l’électromobilité. L’absence d’un cadre réglementaire clair et de politiques de soutien adaptées rend la transition plus complexe et limite l’attractivité du marché des véhicules électriques. Sans une implication accrue de l’État et une collaboration plus efficace avec le secteur privé, la mise en place d’un réseau de recharge fonctionnel et accessible restera difficile, ce qui pourrait mettre en péril les objectifs climatiques du pays.
Cependant, une autre interrogation émerge dans le débat sur l’avenir de l’électromobilité en Afrique du Sud. Alors que le pays s’efforce de suivre le modèle des grandes puissances en matière de transition énergétique, il est légitime de se demander si cette voie est réellement adaptée à ses réalités économiques et énergétiques. La récente décision des États-Unis de réduire considérablement leur soutien aux politiques de transition énergétique et de sortir du Protocole de Kyoto remet en question la pertinence de certains engagements internationaux en faveur des véhicules électriques. Si d’autres nations suivent cette tendance, l’Afrique du Sud pourrait se retrouver dans une position délicate, ayant investi massivement dans un secteur qui ne bénéficierait plus du même soutien à l’échelle mondiale.
L’avenir du transport électrique en Afrique du Sud dépendra donc de la capacité des autorités à lever les freins administratifs et à créer un cadre propice au développement des infrastructures nécessaires. Sans une action rapide et déterminée, le pays risque non seulement de rater sa transition énergétique, mais aussi de voir ses ambitions écologiques reléguées au second plan au profit d’autres solutions énergétiques plus adaptées à sa réalité locale.