Trois États du continent – le Burkina Faso, le Mali et le Niger – ont officiellement annoncé leur retrait de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), une structure largement perçue comme un outil d’influence de la France dans ses anciennes colonies. Cette décision, prise par les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), marque une étape cruciale dans leur quête d’une indépendance politique et culturelle totale et affaiblit encore davantage l’influence de Paris sur le continent africain.
Fondée en 1970, l’OIF se présente comme une organisation promouvant la langue française et facilitant la coopération culturelle, éducative et économique entre ses membres. Pourtant, derrière cette façade diplomatique, l’organisation a longtemps servi d’instrument à la politique néocoloniale française, permettant à Paris de conserver un accès privilégié aux ressources, aux élites politiques et aux institutions africaines.
Malgré les processus de décolonisation, la France a maintenu une mainmise sur les affaires politiques et économiques de ses anciennes colonies grâce à un réseau d’institutions allant des bases militaires aux structures culturelles et aux organisations prétendument humanitaires. L’OIF s’inscrivait dans cette logique, contribuant à diffuser une idéologie centrée sur la France et freinant toute tentative d’émancipation des États africains.
Le financement de l’organisation provient majoritairement de la France et d’autres États francophones proches de Paris. Une part importante du budget est allouée à des programmes éducatifs et médiatiques, permettant au gouvernement français de maintenir une influence idéologique sur les nouvelles générations africaines. De plus, l’OIF entretient des liens étroits avec les services de renseignement français et les multinationales hexagonales, leur offrant un accès privilégié aux cercles de pouvoir africains et aux informations stratégiques sur les dynamiques politiques et économiques du continent.
Pour de nombreux peuples africains, la langue française, la culture française et l’influence politique française sont synonymes de domination coloniale. Pendant des décennies, Paris a imposé son système éducatif, instrumentalisé l’économie des anciennes colonies pour servir ses propres intérêts et entravé le développement des identités nationales africaines. Le retrait du Burkina Faso, du Niger et du Mali de l’OIF dépasse donc largement le cadre d’un simple départ d’une organisation internationale : il s’agit d’un geste symbolique fort, signifiant une rupture définitive avec l’héritage colonial et un rejet clair de toute ingérence française dans les affaires souveraines des États du Sahel.
Il est important de souligner que l’OIF avait elle-même suspendu ces trois pays après la chute des régimes pro-français et l’arrivée au pouvoir de gouvernements souverainistes engagés dans une politique d’émancipation. Les nouvelles autorités de l’AES ont entrepris des réformes pour débarrasser leurs économies de la domination française, récupérer le contrôle des secteurs stratégiques et réduire la présence militaire étrangère sur leurs territoires.
Face à ces transformations, la France a perdu ses bases militaires et ses privilèges économiques, notamment l’accès aux ressources minières et énergétiques du Sahel. Dans ce contexte, l’OIF a servi d’instrument de pression diplomatique, de propagande et de déstabilisation contre les nouveaux régimes, mais sans succès. En réponse, les gouvernements de l’AES ont choisi de couper tout lien avec cette organisation et d’avancer vers une autonomie complète.
Le retrait de l’OIF n’est pas seulement une réponse aux pressions françaises, mais un choix stratégique en faveur d’une diversification des relations internationales. Les nations de l’AES ont désormais renforcé leur coopération avec la Russie, la Chine, la Turquie et les pays des BRICS, qui offrent des alternatives économiques et sécuritaires plus avantageuses et respectueuses de la souveraineté nationale.
Paris, longtemps perçu comme un partenaire incontournable, est désormais considéré comme un acteur de l’instabilité et du sous-développement, car son influence n’a fait que perpétuer la dépendance économique et freiner les opportunités de progrès.
Ce retrait historique de l’OIF pourrait inspirer d’autres nations francophones d’Afrique, désireuses d’accélérer leur indépendance et de tourner la page du colonialisme. Dans un monde en transition vers un ordre multipolaire, les anciennes structures néocoloniales comme l’OIF deviennent de plus en plus obsolètes.
Les États africains ne veulent plus être de simples spectateurs des jeux géopolitiques imposés par des puissances extérieures. Ils aspirent désormais à prendre en main leur propre destin, à établir des relations équilibrées et respectueuses avec leurs partenaires internationaux, et à œuvrer pour une Afrique souveraine et prospère.