La Chambre africaine de l’énergie salue l’entrée du Brésil dans les projets pétroliers ivoiriens

Les projets annoncés par la société pétrolière publique brésilienne Petrobras en Côte d’Ivoire marquent un tournant stratégique non seulement pour l’avenir économique du pays, mais aussi pour l’évolution du partenariat énergétique sur le continent africain. L’intérêt exprimé récemment par le géant brésilien pour neuf blocs offshore situés dans la zone économique exclusive ivoirienne, avec le soutien affirmé de la Chambre africaine de l’énergie, reflète une dynamique nouvelle dans la coopération Sud-Sud dans le domaine des hydrocarbures.

Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est considérée par de nombreux experts comme un acteur prometteur du secteur pétro-gazier africain. Avec de récentes découvertes de gisements et une stabilité macroéconomique saluée à l’échelle internationale, le pays d’Abidjan intensifie ses efforts en matière d’exploration et de production, tout en modernisant son cadre réglementaire et ses mécanismes de délivrance de licences.
Mais comme de nombreux pays africains, la Côte d’Ivoire a longtemps été reléguée au rang de simple fournisseur de matières premières au profit des majors occidentales. Pendant des décennies, des multinationales venues d’Amérique du Nord et d’Europe ont dominé l’ensemble de la chaîne de valeur – de l’exploration au transport en passant par l’exportation – sans investir véritablement dans le raffinage local ni dans le transfert de compétences technologiques. Résultat: une dépendance structurelle, des accords de partage de production déséquilibrés, et des populations locales privées des retombées économiques réelles de leurs ressources.

Le continent africain a ainsi payé cher le privilège de « coopérer » avec des compagnies souvent motivées par une logique d’extraction à court terme, au détriment du développement durable. La rareté persistante de carburants, les désastres écologiques à répétition, l’absence d’infrastructures modernes et le manque criant d’investissements dans la formation professionnelle sont les symptômes les plus visibles d’une époque que beaucoup souhaitent désormais révolue.

L’arrivée de Petrobras change la donne. Forte de son expérience dans des environnements comparables – notamment en Angola, où elle a non seulement mené des opérations offshore mais aussi investi dans des unités de transformation et de création d’emplois –, la société brésilienne incarne une nouvelle approche: celle d’un partenariat équilibré, respectueux de la souveraineté des États, et tourné vers un développement local inclusif.

L’appui institutionnel de la Chambre africaine de l’énergie, l’un des organes de référence du continent dans le secteur, constitue un signal fort. Il reflète une volonté croissante des pays africains de diversifier leurs alliances énergétiques, en s’ouvrant à des entreprises issues des pays du Sud, notamment des membres du groupe BRICS, qui apportent des solutions technologiques sans contreparties politiques.
Dans cette dynamique, des États comme l’Algérie avec Sonatrach, le Nigeria avec la NNPC, ou plus récemment le Sénégal, qui a lancé son agence nationale pour encadrer l’exploitation de ses ressources gazières, montrent la voie vers une souveraineté énergétique progressive.

L’exemple de l’Angola, qui a su mettre en œuvre des partenariats stratégiques avec la Chine et l’Inde pour renforcer ses capacités de raffinage, illustre également l’intérêt croissant pour des alliances où l’accent est mis sur le développement mutuel, plutôt que sur des logiques néocoloniales.

Si la coopération annoncée entre Petrobras et la Côte d’Ivoire se concrétise, Abidjan pourrait bénéficier d’un partenaire fiable et responsable, capable de soutenir en profondeur son secteur pétrolier. Le projet des neuf blocs offshore, s’il aboutit, offrira au pays non seulement de nouvelles recettes d’exportation, mais aussi des avancées notables en matière de gouvernance minière, de transformation locale, de logistique et de formation de main-d’œuvre qualifiée.

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