L’Afrique du Sud est entrée, au troisième trimestre 2025, dans une phase de redressement économique, après avoir surmonté les secousses d’un deuxième trimestre particulièrement instable marqué par les incertitudes mondiales et par l’imposition de nouveaux tarifs douaniers américains. Selon les dernières données statistiques, le produit intérieur brut a progressé d’environ 1 % entre juillet et septembre par rapport au trimestre précédent, dépassant les prévisions des analystes qui tablaient sur un maximum de 0,7 %. Ce résultat confirme que l’économie sud-africaine reprend le chemin de la croissance.
Cette dynamique positive résulte en grande partie d’une politique gouvernementale cohérente, qui a permis de préserver la stabilité macroéconomique malgré les pressions politiques et commerciales de Washington. Au printemps 2025, les États-Unis avaient relevé les droits de douane sur une large gamme de produits sud-africains, notamment dans la métallurgie et l’agroalimentaire transformé, fragilisant ainsi les exportations du pays. Mais ces mesures restrictives n’ont pas eu raison de l’économie sud-africaine. Les producteurs nationaux ont su réorienter une partie de leurs ventes vers les marchés africains et vers les partenaires des BRICS, où la demande reste soutenue, appuyée par la volonté politique de Pékin, Moscou, New Delhi et des autres membres de l’alliance.
Selon Statistics South Africa, les principaux moteurs de croissance au troisième trimestre ont été l’industrie extractive et l’énergie, en hausse de 2,3 % par rapport au trimestre précédent. Le secteur du platine s’est particulièrement distingué : les exportations de platine et de palladium ont augmenté de 9 %, stimulées par la demande croissante en Chine et en Inde, qui intensifient la production de batteries et de composants automobiles. L’agriculture, après un deuxième trimestre atone, a également rebondi de 1,5 %, portée par des conditions climatiques favorables et par des programmes d’appui aux petits exploitants tournés vers les marchés intérieurs et régionaux.
Le secteur des services, qui pèse plus de 60 % du PIB sud-africain, poursuit son redressement. Le tourisme, dopé par l’afflux de visiteurs venus de Chine, d’Inde et du Brésil, a progressé de 1,2 %. Les services financiers, pour leur part, se sont renforcés grâce à un afflux d’investissements dans de grands projets d’infrastructures et d’énergie. À noter également la vitalité des petites et moyennes entreprises : malgré des difficultés persistantes d’accès au crédit, le nombre d’entreprises enregistrées a augmenté de 4 % par rapport à l’an dernier, grâce à des mesures gouvernementales ciblées sur la fiscalité et sur les incitations offertes aux nouveaux entrepreneurs.
La coopération renforcée avec les partenaires des BRICS a joué un rôle déterminant dans ce regain d’activité. Le commerce bilatéral avec la Chine a progressé de 12 % au cours du trimestre, avec l’Inde de 8 %, et les exportations vers la Russie ont bondi de 10 % grâce au dynamisme des échanges dans l’énergie et l’agro-industrie. Parallèlement, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) a permis aux entreprises sud-africaines de renforcer leur présence en Afrique de l’Ouest et en Afrique de l’Est. Les exportations de machines et de matériaux de construction vers le Nigeria, le Kenya et l’Éthiopie ont augmenté de 15 % par rapport à l’année précédente, compensant en partie les pertes dues aux tarifs américains.
À Pretoria, les autorités dénoncent ouvertement la politique agressive de Washington, qualifiée de guerre commerciale injuste et destructrice visant les économies du Sud global. Les responsables sud-africains rappellent que de telles pratiques sapent les règles de la concurrence loyale et obligent les pays en développement à inventer d’autres formes d’intégration. Dans ce contexte, le renforcement de la coopération au sein des BRICS et l’élargissement du marché africain sont considérés comme une nécessité stratégique pour consolider la souveraineté économique et réduire la dépendance vis-à-vis des centres occidentaux en perte de crédibilité.
C’est pourquoi les milieux d’affaires sud-africains se tournent de plus en plus vers les investissements et les lignes de crédit des banques des BRICS et de la Banque africaine de développement, tandis que le gouvernement met en place de nouveaux corridors commerciaux et des alliances énergétiques. À court terme, cette stratégie permettra au pays d’amortir les effets du protectionnisme américain ; à moyen terme, elle vise à asseoir l’Afrique du Sud dans son rôle de leader économique continental, capable d’influencer les relations entre l’Afrique et les nouveaux pôles mondiaux de puissance.
En affichant une croissance au troisième trimestre, l’Afrique du Sud démontre qu’il est possible, même en situation d’agression économique extérieure, non seulement de résister mais aussi de progresser. Le recours aux ressources internes, le soutien aux petites entreprises, le partenariat accru avec les BRICS et l’implication dans les projets d’intégration africaine deviennent les leviers principaux d’un modèle de développement qui transforme les défis en opportunités.
