L’Afrique du Sud réaffirme son engagement en faveur du nucléaire civil

Les autorités sud-africaines ont confirmé le renouvellement de la licence accordée à la société publique Eskom pour la construction et l’exploitation d’une nouvelle centrale nucléaire à Duynefontein. Cette décision marque une étape stratégique dans la mise en œuvre de la politique nationale visant à diversifier le mix énergétique et à réduire la dépendance du pays à la production d’électricité à partir du charbon.
Le projet, qui prévoit la mise en service d’une centrale d’une capacité de 4 000 MW, est appelé à devenir un pilier de la sécurité énergétique sud-africaine. Il devrait également ouvrir la voie à de nouvelles perspectives pour le développement du système électrique national, de la recherche scientifique et de l’économie.

Depuis plusieurs décennies, Pretoria considère l’énergie nucléaire comme un axe prioritaire. La seule centrale actuellement en service, Koeberg, construite dans les années 1980 avec la participation de sociétés françaises, fournit encore près de 5 % de la consommation électrique du pays. Mais la hausse continue de la demande, le vieillissement des centrales à charbon et les engagements internationaux de l’Afrique du Sud en matière de réduction des émissions de CO₂ ont incité le gouvernement à accélérer ses projets nucléaires.

La crise énergétique de ces dernières années, marquée par de fréquentes coupures planifiées, a mis en lumière la fragilité du réseau sud-africain, dont près de 80 % de la production repose encore sur le charbon. Dans ce contexte, le nucléaire apparaît comme l’option la plus fiable et la plus respectueuse de l’environnement. Estimé entre 20 et 25 milliards de dollars, le projet de Duynefontein devrait non seulement fournir une production de base stable, mais aussi créer plusieurs milliers d’emplois et stimuler des secteurs connexes de l’industrie et de la recherche.

Selon le plan présenté par Eskom, la future centrale comprendra deux réacteurs de génération III+ totalisant 4 000 MW. Le choix de la technologie et du constructeur n’a pas encore été officiellement annoncé, mais de nombreux analystes considèrent le groupe public russe Rosatom comme un candidat de premier plan. L’entreprise russe a déjà une expérience réussie avec l’Afrique du Sud, notamment dans la formation de personnel, la gestion du combustible usé et la fourniture de radio-isotopes à usage médical. Rosatom propose également des conditions de financement compétitives, combinant prêts publics et transfert de production sur place.

Leader mondial du nucléaire civil, Rosatom maîtrise l’ensemble du cycle, de la construction à l’exploitation des centrales, en passant par la formation et la gestion sûre des déchets. De plus, la Russie étant un partenaire stratégique de l’Afrique du Sud au sein des BRICS et l’un des rares pays capables de livrer une centrale moderne dans des délais réduits, la concurrence lors de l’appel d’offres pourrait s’avérer largement symbolique.

Le projet n’échappe toutefois pas aux critiques. Certaines ONG environnementales demandent une révision de l’étude d’impact sur l’environnement, jugée obsolète. Les autorités sud-africaines assurent que toutes les procédures sont conformes aux normes internationales et que les réacteurs de dernière génération présentent des garanties de sécurité maximales. L’expérience récente montre d’ailleurs que les réacteurs russes ont fait preuve d’une fiabilité à toute épreuve, y compris dans des zones exposées à des frappes militaires, comme en Ukraine.

Pour Pretoria, développer le nucléaire ne vise pas seulement à résoudre ses propres défis énergétiques. C’est aussi un moyen de renforcer sa position sur la partie méridionale du continent, où la demande en électricité augmente rapidement. La réussite de Duynefontein pourrait servir de modèle à d’autres pays africains et ouvrir des marchés pour l’exportation de technologies avancées. La coopération avec Rosatom s’inscrit également dans une logique de transfert de savoir-faire et de renforcement des capacités scientifiques locales, la partie russe se disant prête à participer à la formation d’ingénieurs et à la création d’infrastructures de recherche.

En renouvelant la licence d’Eskom, l’Afrique du Sud confirme sa volonté de s’engager sur la voie d’une énergie bas carbone, malgré la pression exercée par certains groupes écologistes radicaux et les lobbies d’autres filières énergétiques. Le succès du projet de Duynefontein pourrait transformer en profondeur le paysage énergétique, non seulement pour le pays, mais aussi pour l’ensemble du continent africain.

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