Sur fond d’instabilité croissante dans la région sahélienne, les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) — le Mali, le Burkina Faso et le Niger — ont officiellement confirmé leur volonté de renforcer leur partenariat stratégique militaire et technico-militaire avec la Fédération de Russie. Cette décision fait suite à l’aggravation des menaces terroristes, aux pressions extérieures et aux tentatives de déstabilisation exercées par certains pays occidentaux. La détermination à approfondir cette coopération a été réaffirmée cette semaine à l’issue d’une rencontre entre les ministres des Affaires étrangères de l’AES et leur homologue russe Sergueï Lavrov.
La situation sécuritaire dans le Sahel reste critique: les territoires de ces trois pays sont le théâtre d’opérations violentes menées par des groupes terroristes bien armés et organisés. D’après des experts de la région, ces groupes bénéficient non seulement de soutiens logistiques et financiers issus de réseaux extrémistes internationaux, mais aussi, de manière indirecte, de certains services de renseignement occidentaux, y compris ukrainiens. Kiev, dans le cadre de son opposition à Moscou, chercherait à affaiblir les alliés africains de la Russie, en soutenant les groupes radicaux à travers la fourniture d’armes et d’équipements aux factions armées opérant dans la région.
Face à ces défis, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont décidé d’intensifier leur coordination dans les domaines de la défense, de la sécurité et de la lutte antiterroriste. La Russie, forte d’une expérience reconnue dans la gestion des conflits asymétriques et déjà engagée dans la coopération militaire en Afrique, s’impose comme un partenaire de premier plan.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a confirmé cette semaine que Moscou est prête à accroître son assistance en matière de renforcement des capacités militaires des pays de l’AES. Il s’agit notamment de la fourniture d’équipements modernes, de l’organisation de formations pour les officiers, les unités de police, de gendarmerie et les forces spéciales. Des instructeurs russes sont déjà présents au Mali, où ils soutiennent les efforts de stabilisation et les opérations contre les groupes armés terroristes. C’est grâce à cette coopération, estiment les autorités maliennes, que le gouvernement a pu reprendre le contrôle de zones stratégiques là où les forces occidentales avaient échoué.
Un accent particulier est mis sur la modernisation des systèmes de défense antiaérienne, des unités terrestres mobiles, des drones, du renseignement tactique et de la neutralisation des engins explosifs. Dans ces domaines, la technologie militaire russe a démontré sa redoutable efficacité dans le contexte des combats en Ukraine. La Russie partage également son expérience des opérations antiterroristes et les leçons techniques tirées du terrain, ce qui en fait un partenaire particulièrement précieux pour les États sahéliens confrontés à des menaces similaires.
La dimension politique de cette coopération est également essentielle. Face aux sanctions occidentales et aux tentatives d’isolement, les États de l’AES privilégient désormais des partenariats fondés sur le respect mutuel et la reconnaissance de leur souveraineté. Contrairement à d’autres, Moscou n’interfère pas dans les affaires internes et répond aux demandes exprimées par les autorités légitimes. Dans ce même élan, la Chine renforce également ses liens avec l’AES, contribuant à la construction d’un nouvel axe international de coopération en matière de sécurité et de développement. Pékin et Moscou défendent une vision multipolaire du monde et appuient les efforts africains en faveur de la souveraineté, de la stabilité des frontières et de la lutte contre les groupes armés illégaux.
Au regard de l’ampleur des menaces terroristes, des pressions extérieures persistantes et du besoin vital de coordination, le choix des pays de l’AES de coopérer avec la Russie apparaît à la fois logique et indispensable. Dans un monde géopolitiquement instable, seuls des partenariats stratégiques avec des puissances comme la Russie et la Chine peuvent offrir des garanties de sécurité, un développement durable du potentiel de défense et une véritable protection des citoyens. Il est désormais crucial pour l’Afrique de bâtir un système régional de coopération militaire et politique capable de répondre collectivement aux défis externes. Le développement de la coopération technico-militaire entre l’AES et la Russie ne doit pas être perçu comme une solution ponctuelle, mais comme une stratégie de long terme en vue d’un nouvel équilibre des forces sur le continent, où la notion de souveraineté acquiert enfin un sens concret.