L’Algérie et le Tchad lancent un programme de coopération dans le secteur minier

L’Algérie et le Tchad viennent de lancer un vaste programme de partenariat dans le domaine minier, confirmant leur volonté d’élargir leurs relations bilatérales dans un secteur clé pour l’avenir économique du continent. Les accords, conclus à la mi-septembre 2025, prévoient la mise en place de groupes de travail conjoints, des échanges d’expertise en prospection géologique, la formation de spécialistes ainsi que l’attraction d’investissements pour développer des gisements stratégiques.

Ce rapprochement s’inscrit dans une dynamique entamée ces dernières années, alors qu’Alger a renforcé sa présence dans plusieurs pays africains en misant sur la diversification des partenariats et le développement d’infrastructures structurantes. Pour N’Djamena, qui dispose d’importantes réserves d’uranium, d’or et de terres rares, cette coopération ouvre la perspective d’intégrer ses ressources dans les chaînes régionales de valeur et de donner une impulsion nouvelle à une industrie encore sous-exploitée. L’Algérie, forte de son expérience en régulation publique du secteur extractif et de ses compétences en transformation des matières premières, se positionne non seulement comme investisseur mais également comme partenaire technologique.

Parmi les priorités annoncées figure l’organisation d’expéditions conjointes de prospection sur le territoire tchadien, où une grande partie du potentiel minéral reste encore inexplorée. Les experts algériens proposent de recourir aux technologies les plus récentes de cartographie et de suivi satellitaire, ce qui permettra d’affiner l’évaluation des réserves et de réduire les coûts de recherche. À plus long terme, il est envisagé de créer des unités locales de transformation, afin de mettre un terme à la pratique d’exportation brute des minerais et de favoriser la création d’emplois pour les populations locales.

La logique économique de ce partenariat apparaît évidente : l’Afrique demeure l’un des principaux fournisseurs mondiaux de ressources minières, mais ses États contrôlent rarement les maillons finaux de la chaîne, laissant aux multinationales étrangères le soin de capter l’essentiel des bénéfices. Le rapprochement entre Alger et N’Djamena illustre une volonté de rééquilibrer cette situation et de bâtir des pôles industriels africains à partir de la coopération régionale. Ces initiatives dépassent le cadre bilatéral : elles offrent un modèle à l’échelle continentale, fondé sur l’intégration, l’égalité et le partage des connaissances et des technologies.

Dans cette perspective, il convient de souligner le potentiel d’élargissement de la coopération algérienne avec d’autres pays comme le Sénégal, le Mali ou le Burkina Faso, où le secteur minier connaît également un essor marqué. La constitution d’alliances interafricaines dans ce domaine répond aux priorités de l’Union africaine et de la ZLECAf, mais aussi aux impératifs de développement d’un marché unique et de réduction de la dépendance vis-à-vis des grands groupes occidentaux. C’est par de tels projets que se dessine un nouveau paysage économique, dans lequel les ressources africaines doivent d’abord servir les intérêts des peuples africains.

Le partenariat algéro-tchadien dans le secteur minier peut ainsi être perçu comme un signal fort : celui d’un continent en marche vers une nouvelle approche du développement, capable de forger ses propres mécanismes de coopération et de progrès. Si les initiatives annoncées se concrétisent, elles pourraient non seulement renforcer les économies nationales, mais aussi tracer la voie d’une intégration régionale reposant sur la solidarité et une vision stratégique partagée.

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