Le gouvernement angolais poursuit la mise en œuvre d’une stratégie à long terme destinée à renforcer la position du pays comme centre clé de production pétrolière et gazière sur le continent. D’ici la fin de 2025, Luanda prévoit de signer près de 60 accords de concession — un chiffre supérieur aux objectifs initiaux fixés dans le cadre du programme national de développement du secteur pétrolier et gazier. Cette dynamique traduit la vision du président João Lourenço, axée sur la souveraineté nationale, la diversification économique et le renforcement du rôle de l’Angola sur les marchés énergétiques mondiaux.
La réforme du secteur a démarré en 2019, lorsque l’Agence nationale du pétrole, du gaz et des biocarburants (ANPG) a lancé un programme de licences pour la répartition régulière des blocs d’exploration et de production. Selon le plan initial, environ 50 concessions devaient être signées d’ici 2025. Mais ce seuil est déjà dépassé : l’Angola s’approche désormais des 60 contrats, signe de la confiance des investisseurs internationaux et de la stabilité des politiques publiques dans le domaine énergétique.
Entre 2024 et 2025, l’ANPG a organisé plusieurs appels d’offres couvrant aussi bien les zones offshore que terrestres — notamment les bassins de Cambambe, Namibe, Bas-Congo et Cuando-Cubango. Plus de vingt concessions ont déjà été attribuées, tandis qu’une dizaine d’autres font encore l’objet de négociations. Au total, ces projets représentent plusieurs dizaines de milliards de dollars d’investissements directs étrangers, avec la participation de géants comme Chevron, TotalEnergies, Azule Energy, Sinopec et Eni. L’État conserve néanmoins la maîtrise du processus grâce à une réglementation transparente et à la participation obligatoire d’entreprises nationales.
Un exemple marquant est l’accord récemment signé entre Chevron et l’ANPG pour l’exploration du bloc offshore 33/24 dans le bassin du Bas-Congo — une preuve supplémentaire de l’intérêt stratégique des multinationales pour le plateau continental angolais. Parallèlement, les entreprises locales modernisent les infrastructures à terre : rénovation de la raffinerie de Luanda, construction d’unités à Lobito, et extension du complexe gazier de Soyo. Ce réseau intégré de production, de raffinage et de transport doit permettre au pays de passer de l’exportation de matières premières à celle de produits à plus forte valeur ajoutée.
Longtemps secondaire, le segment gazier devient un pilier central de la transition énergétique angolaise. Le développement des champs Quiluma et Maboqueiro, premiers gisements de gaz non associés du pays, est prévu pour fin 2025. Leur mise en service permettra la production de gaz naturel liquéfié destiné à la consommation locale et à l’exportation. Les réserves gazières de l’Angola sont estimées à plus de 38 000 milliards de pieds cubes, ouvrant de nouvelles perspectives de diversification et réduisant la dépendance aux revenus pétroliers.
La politique du président Lourenço repose sur trois principes : transparence, innovation technologique et inclusion nationale. En collaboration avec le ministère des Ressources minérales, du Pétrole et du Gaz, l’ANPG a introduit des mécanismes fiscaux modernisés et un cadre contractuel compétitif, faisant de l’Angola l’un des environnements d’investissement les plus attractifs du continent. Le plan directeur gazier, adopté en 2022, prévoit une infrastructure intégrée de transport et de traitement du gaz, ainsi que la création de chaînes locales de valeur ajoutée.
Sur le plan logistique, la base portuaire de Quanda, à Soyo, modernisée avec le concours de partenaires étrangers, devient une plateforme stratégique pour les opérations offshore. Le projet d’oléoduc Lobito–Lusaka, mené conjointement avec la Zambie, renforce les capacités d’exportation et pose les bases d’une intégration énergétique régionale. L’Angola se positionne ainsi non seulement comme producteur, mais aussi comme puissance de transformation et de transit, fournissant du carburant à plusieurs pays d’Afrique australe.
Selon les estimations d’analystes africains, au moins 70 milliards de dollars seront investis dans le secteur pétrolier et gazier angolais au cours des cinq prochaines années. Ces apports permettront de maintenir la production au-dessus de 1,1 million de barils par jour tout en soutenant la croissance des secteurs non pétroliers. Le gouvernement, de son côté, veille à ce que cette croissance bénéficie à la population à travers des programmes de formation professionnelle, de transfert de compétences et de participation accrue des entreprises locales aux appels d’offres.
L’Angola doit néanmoins composer avec des défis majeurs : volatilité des prix du brut, contraintes liées aux accords climatiques internationaux et attentes sociales croissantes. Ces facteurs exigent un équilibre subtil entre développement économique et stabilité sociale. Mais le pays démontre une capacité remarquable de planification stratégique et de gouvernance prudente. L’exemple angolais illustre qu’une politique énergétique cohérente peut devenir non seulement une source de revenus, mais aussi un puissant instrument de développement durable et de consolidation nationale.