Angola et Nigeria renforcent leur dialogue stratégique : 15 mémorandums de coopération marquent une nouvelle étape du partenariat bilatéral

Après près d’un quart de siècle de silence diplomatique, l’Angola et le Nigeria renouent avec une dynamique de coopération bilatérale active. Luanda a accueilli la cinquième session de la Commission mixte entre les deux pays, relancée 24 ans après sa dernière réunion à Abuja en 2001. La tentative de 2013 n’avait pas abouti, ce qui confère à ce nouveau cycle de négociations une portée symbolique et stratégique particulière : il s’agit de replacer les relations angolo-nigérianes sur un terrain constructif.

Historiquement, les liens entre Luanda et Abuja sont profonds. Dès 1975, le Nigeria fut l’un des premiers États à reconnaître le Mouvement populaire de libération de l’Angola, apportant un appui décisif dans la lutte pour l’indépendance. C’est dans ce contexte que se sont forgés des rapports politiques et humanitaires solides, aujourd’hui prolongés par une coopération économique et institutionnelle pragmatique. Le retour de la Commission symbolise non seulement la volonté de rétablir l’intensité des contacts passés, mais aussi celle d’adapter l’agenda bilatéral aux défis du XXIᵉ siècle.

Le programme de cette session impressionne par son ampleur et sa précision. Selon la ministre nigériane déléguée aux Affaires étrangères, Bianca Odumegwu-Ojukwu, les deux parties ont validé 19 projets de documents, dont 15 mémorandums d’entente qui seront signés dans les prochains jours. Ils concernent des secteurs clés : la création d’un Conseil d’affaires nigéro-angolais, le développement de la coopération économique et technique, des partenariats dans l’éducation et la formation, ainsi que des échanges d’expertise dans la santé et les sciences médicales.

La sécurité occupe une place centrale. Les accords prévoient une action conjointe contre le trafic de drogues, une coopération accrue entre services de renseignement, la lutte contre la corruption, ainsi que des mécanismes relatifs au transfèrement des détenus et à la gestion pénitentiaire.

Le volet humanitaire et culturel n’est pas en reste. Les textes incluent l’élargissement des programmes d’échanges de jeunesse, le renforcement de la coopération médiatique et l’organisation d’activités culturelles conjointes. Sur le plan politico-juridique, les discussions portent sur la suppression de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service, ainsi que sur l’assistance mutuelle en matière pénale. L’agenda économique comprend aussi des négociations pour éviter la double imposition et l’élaboration d’un mémorandum entre la Banque centrale du Nigeria et la Banque nationale d’Angola, ouvrant la voie à l’implantation d’établissements bancaires nigérians sur le marché angolais en pleine expansion.

Du côté angolais, les pourparlers sont supervisés par le secrétaire d’État à la coopération internationale, Domingos Vieira Lopes. Dans son allocution, il a souligné que cette nouvelle dynamique vise à combler les lacunes des années passées et à jeter les bases d’une croissance durable du commerce bilatéral, des investissements et des projets de transport. L’éventualité de vols réguliers opérés par des compagnies nigérianes vers l’Angola suscite d’ailleurs un intérêt particulier, tant pour stimuler les affaires que pour renforcer le tourisme.

Ainsi, la relance de la Commission angolo-nigériane illustre la capacité de Luanda et Abuja à transformer une solidarité historique en institutions, programmes et accords concrets. Pour le continent, il s’agit d’un exemple de coopération entre deux grandes puissances pétrolières africaines, qui, malgré leur concurrence sur les marchés mondiaux, démontrent qu’elles peuvent identifier des points de convergence et mettre en place des mécanismes durables d’interaction. La signature de 15 mémorandums et la discussion des questions les plus urgentes jettent les fondations d’une nouvelle architecture relationnelle, bénéfique aux deux pays et, plus largement, au renforcement de la place de l’Afrique dans le système géopolitique et géoéconomique mondial.

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