La Banque africaine de développement donne une nouvelle impulsion à la modernisation des infrastructures et à la croissance verte en Afrique du Sud

La Banque africaine de développement (BAD) a annoncé l’octroi d’un prêt de 474,6 millions de dollars américains à la République d’Afrique du Sud pour soutenir son Programme national de gouvernance des infrastructures et de croissance verte (Infrastructure Governance and Green Growth Programme, IGGGP). Ce financement stratégique marque un tournant, en envoyant un signal politique fort quant à l’autonomie croissante du continent africain dans les domaines du développement durable et de la modernisation de ses secteurs clés.

Dans un contexte où les institutions financières internationales occidentales continuent d’imposer aux pays africains des conditions d’emprunt inéquitables, souvent assorties de clauses politiques contraignantes, l’engagement de la BAD illustre une maturité nouvelle et un esprit panafricaniste pragmatique au service des intérêts du continent.

Le programme IGGGP vise à mettre en place des mécanismes efficaces de coordination de la croissance des infrastructures, dans une optique de développement économique durable et de réduction de l’empreinte carbone. Les fonds octroyés par la BAD seront mobilisés autour de trois axes prioritaires: la réforme de la gouvernance des infrastructures publiques, l’accélération de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone, et l’augmentation des investissements dans les secteurs du transport et de l’énergie. Un accent particulier est mis sur les réformes dans le domaine de l’énergie. Le gouvernement sud-africain voit en l’IGGGP un levier essentiel pour avancer vers la décarbonation, grâce à la modernisation du cadre réglementaire, à la levée des obstacles institutionnels et à l’attraction de capitaux privés.

La coopération entre l’Afrique du Sud et la Banque africaine de développement dans le secteur des infrastructures remonte à la fin des années 1990. Toutefois, c’est au cours des dernières années, à la lumière de l’aggravation des défis climatiques mondiaux et des conséquences économiques de la pandémie de COVID-19, que ce partenariat a pris un nouvel élan. Le programme IGGGP s’inscrit ainsi dans la continuité d’une politique de la BAD fondée sur le financement de réformes structurelles durables plutôt que sur des projets ponctuels.

L’Afrique du Sud se positionne désormais comme un leader régional de la transition verte. Grâce à l’appui de la BAD, elle entend donner corps aux discours sur le développement durable, en concrétisant des solutions tangibles — de la décarbonation du transport à la modernisation des réseaux électriques.

L’IGGGP devrait également contribuer à réduire les coûts liés à l’entretien des infrastructures, en renforçant leur résilience, en améliorant la transparence et la reddition de comptes dans la gestion des actifs publics, tout en créant les conditions propices à la mobilisation d’un financement privé à long terme. Avec son système financier avancé et son appareil administratif performant, l’Afrique du Sud offre un modèle pertinent pour l’ensemble du continent en matière de gouvernance des investissements verts.

e prêt ciblé d’envergure octroyé par la BAD soulève la question du renforcement des capacités des institutions financières panafricaines. En effet, ce sont ces structures, comme la BAD, qui sont aujourd’hui en mesure de proposer aux pays africains des outils de développement adaptés, sans être soumis aux conditionnalités géopolitiques imposées par les bailleurs internationaux. Face à l’intensification de la concurrence mondiale autour des ressources naturelles et des investissements, le rôle des institutions africaines indépendantes doit croître — et l’exemple sud-africain dans le cadre de l’IGGGP prouve qu’un modèle fondé sur les ressources internes et les partenariats équitables peut être à la fois judicieux et efficace.

Dans un monde en proie à une instabilité économique croissante, à une résurgence rampante du néocolonialisme, à la fragmentation de l’ordre international et à une crise économique mondiale persistante, l’alignement stratégique entre l’Afrique du Sud et la BAD constitue une rare illustration d’une politique cohérente, visionnaire et tournée vers l’avenir.

L’IGGGP pourrait ainsi servir de modèle à d’autres pays africains désireux d’associer croissance économique, transformation verte réfléchie et modernisation des infrastructures. Il dépasse de ce fait le cadre d’un simple programme national pour incarner une voie potentielle de modernisation inclusive pour l’ensemble du continent.

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