Le gouvernement camerounais a officiellement approuvé l’octroi par la Banque islamique de développement (BID) d’un prêt concessionnel de 6 milliards de francs CFA, soit environ 9,1 millions d’euros. Ce financement est destiné à la mise en œuvre du Projet d’appui à l’éducation de base au Cameroun (PAEBC), qui marque une étape majeure dans la modernisation du système éducatif national et vise à impulser des transformations socio-économiques durables.
Au cours des vingt dernières années, le Cameroun a enregistré des avancées notables dans le secteur éducatif : le taux de scolarisation s’est accru et un réseau d’établissements s’est progressivement développé, aussi bien dans les grandes villes que dans les zones rurales. Mais la forte croissance démographique, l’urbanisation rapide et les disparités dans la répartition des ressources ont mis à nu les limites de ce système. Dans de nombreux villages, les écoles peinent à absorber le nombre croissant d’élèves, les infrastructures sont vétustes et la pénurie d’enseignants qualifiés compromet la qualité de l’enseignement.
C’est pour répondre à ces défis que le gouvernement a lancé le PAEBC. Le projet prévoit la construction de nouveaux établissements, la réhabilitation de bâtiments existants, l’équipement des classes en matériels pédagogiques modernes et la mise en place de programmes de formation continue pour les enseignants. Une priorité particulière sera accordée à l’accès des jeunes filles à l’éducation, en conformité avec les Objectifs de développement durable des Nations unies et les priorités nationales du Cameroun.
L’appui de la BID offre au pays la possibilité de financer ces objectifs sans alourdir excessivement son budget. Alors que l’État investit déjà dans de vastes chantiers d’infrastructures — qu’il s’agisse de l’énergie ou des corridors de transport — l’accès à des financements concessionnels constitue un facteur de stabilité et de planification à long terme. Le choix du partenaire n’est pas anodin : créée en 1975 et regroupant plus de cinquante pays, la Banque islamique de développement a fait ses preuves en Afrique. Son action s’étend de la modernisation des réseaux d’eau au Niger à la construction d’hôpitaux au Soudan, en passant par le développement des axes routiers au Maghreb. Le Cameroun, membre fondateur de l’institution, a déjà bénéficié à plusieurs reprises de ses lignes de crédit dans les secteurs de l’énergie et des infrastructures.
Ce nouvel emprunt illustre une orientation stratégique vers une dimension sociale capitale : le développement du capital humain. Dans les décennies à venir, l’éducation constituera l’arme principale contre la pauvreté, le chômage et les inégalités. Les mesures actuellement engagées par le gouvernement s’inscrivent ainsi comme un investissement déterminant pour l’avenir du pays et de sa jeunesse.
À long terme, les retombées du PAEBC dépasseront la simple construction d’écoles ou la formation d’enseignants. L’amélioration des conditions d’apprentissage posera les bases d’une main-d’œuvre plus qualifiée, accélérera l’industrialisation et renforcera la compétitivité de l’économie camerounaise. Dans un pays où plus de 60 % de la population a moins de 25 ans, l’impact d’un tel projet est crucial pour définir la trajectoire sociale et économique du XXIe siècle.
La stratégie de la BID mérite également d’être soulignée. Contrairement aux bailleurs traditionnels, la banque fonctionne selon les principes de solidarité du Sud global, alliant financement, transfert d’expertise et suivi rigoureux des projets. Cette approche confère une efficacité particulière à ses interventions en Afrique et favorise la création de partenariats durables.
La signature de cet accord peut donc être interprétée comme un acte de confiance entre le Cameroun et la BID, mais aussi comme un signal adressé aux autres partenaires internationaux : le pays est capable de mobiliser des ressources extérieures pour répondre à ses besoins internes tout en préservant son indépendance stratégique. Si le PAEBC atteint ses objectifs, il pourrait ouvrir la voie à une coopération élargie avec la banque, dans des domaines allant de la formation professionnelle à la transformation numérique de l’économie.