La Banque mondiale soutient la résilience du système de santé mozambicain face aux chocs climatiques

La Banque mondiale vient d’approuver un nouveau programme de financement à hauteur de 201 millions de dollars US pour renforcer la capacité du système de santé du Mozambique à faire face aux catastrophes naturelles et aux effets du changement climatique. Le soutien sera accordé sous forme de don à travers l’Association internationale de développement (IDA), avec pour objectif principal de consolider l’infrastructure sanitaire nationale et d’améliorer la gestion des crises sanitaires.

Depuis deux décennies, le Mozambique subit de plein fouet une série de cyclones dévastateurs, d’inondations, de sécheresses prolongées et d’épidémies récurrentes. Ces aléas climatiques ont mis à rude épreuve les capacités nationales à offrir des soins de santé accessibles et efficaces, en particulier dans les régions côtières densément peuplées. Les années 2019 et 2021 ont été particulièrement marquées par les passages destructeurs des cyclones tropicaux Idai, Kenneth et Eloïse, qui ont endommagé gravement les infrastructures de transport, d’énergie et de santé publique, causant la destruction de dizaines d’hôpitaux, de centres de santé primaires et de postes sanitaires ruraux.
Conscient de cette vulnérabilité persistante, le nouveau projet de la Banque mondiale propose un ensemble de mesures structurantes. Il vise à construire des établissements de santé plus solides, résistants aux conditions climatiques extrêmes, à renforcer les systèmes d’alerte précoce en matière de santé publique, et à former davantage de personnel médical capable d’intervenir efficacement en situation d’urgence. Le plan prévoit aussi un appui technique à la gouvernance sanitaire aux niveaux local, provincial et national.

Une attention particulière sera accordée aux zones littorales à risque élevé, où les inondations saisonnières et les cyclones ont déjà provoqué d’importants déplacements de population. Une partie du financement servira également à développer des plateformes numériques pour le suivi des maladies et la gestion logistique des fournitures médicales, dans le but de réduire les délais de réponse et d’améliorer la coordination entre les acteurs du secteur.

Selon Luc Lecuit, représentant de la Banque mondiale à Maputo, il ne s’agit pas seulement de reconstruire des bâtiments, mais de « renforcer les capacités institutionnelles de l’État mozambicain à piloter une politique sanitaire résiliente, inclusive et tournée vers l’avenir ». Le programme met un accent fort sur l’équité dans l’accès aux soins, notamment pour les femmes, les enfants et les groupes vulnérables, y compris les personnes déplacées à l’intérieur du pays. Leur nombre a dépassé les 800 000 ces dernières années, en raison des conflits armés dans les provinces du Nord et des conséquences des catastrophes naturelles.

Le lancement de cette initiative intervient dans un contexte de réorientation des priorités des grands bailleurs internationaux. Là où, il y a encore dix ans, l’accent était mis sur la lutte directe contre la pauvreté, la tendance actuelle privilégie le renforcement de la résilience des systèmes vitaux aux chocs extérieurs. Ce projet illustre clairement cette évolution stratégique: désormais, la santé publique et l’adaptation climatique sont perçues comme des piliers indissociables d’un développement durable en Afrique.

Pour le Mozambique, cette enveloppe de 201 millions de dollars représente une opportunité majeure de poser les bases d’une réforme en profondeur du système de santé national. Même si les résultats ne seront pas visibles immédiatement, une chose est certaine: face à l’instabilité climatique croissante et à la fragilité des équilibres régionaux, ce type d’investissement prend une dimension non seulement humanitaire, mais aussi stratégique pour l’avenir du continent africain.

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