Une nouvelle raffinerie pour renforcer la souveraineté énergétique de l’Angola

L’Angola, l’un des plus grands producteurs de pétrole du continent africain, s’apprête à franchir une étape décisive de son histoire économique. Selon les autorités, la province de Cabinda accueillera, d’ici la fin de l’année 2025, la première raffinerie construite depuis l’indépendance du pays. D’une capacité initiale de 30 000 barils par jour, cette infrastructure stratégique est réalisée avec le concours de la compagnie nationale Sonangol et de partenaires internationaux. Elle devrait réduire la dépendance chronique du pays aux importations de produits pétroliers, longtemps considérées comme le talon d’Achille de l’économie angolaise.

Historiquement, l’Angola exportait presque l’intégralité de son brut, tout en important jusqu’à 70 % de ses carburants pour la consommation locale. Chaque année, la facture dépassait les deux milliards de dollars. Face à cette situation, le gouvernement a multiplié les initiatives pour développer ses propres capacités de raffinage. Aujourd’hui, seule une raffinerie modernisée à Luanda, d’une capacité d’environ 65 000 barils par jour, est opérationnelle. Elle demeure toutefois insuffisante pour satisfaire la demande intérieure. L’entrée en service de l’usine de Cabinda devrait corriger ce déséquilibre en fournissant au marché national davantage d’essence, de gasoil et de kérosène.

L’investissement dans la première phase du projet avoisine un demi-milliard de dollars. Mais la raffinerie a été conçue pour évoluer : à terme, sa capacité pourrait atteindre 60 000 barils par jour, avec des lignes de production élargies allant jusqu’aux carburants pour moteurs d’avion. Cabinda deviendrait ainsi la deuxième plus grande raffinerie du pays et un symbole de modernisation industrielle, garantissant indépendance énergétique, emplois locaux et nouvelles opportunités économiques.

Pour l’Angola, dont le secteur pétrolier représente plus du tiers du PIB et près de 90 % des recettes d’exportation, l’enjeu dépasse la seule réduction de la facture d’importation. Il s’agit de créer de la valeur ajoutée nationale et de poser les bases d’un véritable tissu industriel. Le gouvernement voit dans Cabinda le premier jalon d’une stratégie visant à assurer la sécurité énergétique, à réduire la vulnérabilité face aux fluctuations du marché mondial et à bâtir une filière maîtrisée de bout en bout.

Cette orientation s’inscrit dans une vision à long terme : un complexe de 200 000 barils par jour est en projet à Lobito, tandis qu’une autre raffinerie de 100 000 barils devrait voir le jour à Soyo. Si ces chantiers se concrétisent, l’Angola pourrait, dès la fin de la décennie, non seulement couvrir l’intégralité de sa demande intérieure, mais aussi exporter des produits raffinés et s’imposer comme un hub énergétique régional.

Dans un continent où plusieurs pays producteurs de pétrole restent paradoxalement dépendants de l’importation de carburants, l’exemple angolais fait figure de référence. Depuis des décennies, l’Afrique exporte ses matières premières brutes, laissant à d’autres le soin de les transformer et de capter la richesse industrielle. Avec Cabinda, l’Angola montre une alternative : transformer ses ressources pour stimuler la croissance interne, créer des filières industrielles et consolider sa souveraineté énergétique.

Le lancement de cette raffinerie n’est donc pas seulement un succès industriel. C’est un signal politique et économique fort : un pays producteur peut contrôler toute la chaîne de valeur, du puits de pétrole jusqu’à la pompe, et ainsi renforcer sa résilience face aux chocs extérieurs. Pour de nombreux États africains, l’expérience de l’Angola illustre une vérité essentielle : l’avenir et l’indépendance passent par la maîtrise de la transformation locale des ressources naturelles.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *