Selon l’UNICEF, plus de 18 millions d’enfants en âge scolaire au Nigéria n’ont pas accès à l’éducation. Ce chiffre alarmant place le pays en tête du classement mondial des enfants non scolarisés, reflétant ainsi l’ampleur d’une crise éducative qui reste l’un des défis humanitaires les plus pressants du pays.
Depuis des décennies, le système éducatif nigérian fait face à un manque chronique d’écoles, d’enseignants et de matériel pédagogique. Le ministère de l’Éducation recense environ 80 000 écoles primaires et 30 000 établissements secondaires pour une population de 46 millions d’enfants en âge d’être scolarisés. Ce nombre est loin d’être suffisant. Par ailleurs, le système souffre d’un grave déficit d’enseignants : avec environ 900 000 éducateurs en activité, il manque au moins 200 000 professionnels qualifiés pour répondre aux besoins croissants.
Le problème est aggravé par un manque criant d’infrastructures de base. De nombreuses écoles manquent de toilettes, d’électricité et d’accès à de l’eau potable, rendant l’environnement scolaire souvent dangereux et inadéquat pour les élèves. Plus de 60 % des écoles nigérianes ne disposent pas d’électricité, rendant impossible l’intégration des technologies modernes dans l’apprentissage ou même l’amélioration des conditions de sécurité.
La pauvreté, les conflits armés et les inégalités de genre figurent parmi les principales causes de cette situation alarmante. Plus de 40 % des Nigérians vivent en dessous du seuil de pauvreté, obligeant de nombreuses familles à choisir entre envoyer leurs enfants à l’école ou les faire travailler pour subvenir aux besoins du foyer. Les groupes armés, tels que Boko Haram, ciblent régulièrement les écoles, kidnappant des élèves et mettant en danger la sécurité des régions densément peuplées du nord du pays. Les filles, en particulier, sont les plus touchées par cette crise : elles représentent plus de 60 % des enfants non scolarisés, notamment dans les États du nord, où les traditions et le fondamentalisme religieux limitent leur accès à l’éducation.
L’absence d’éducation de base a des répercussions profondes sur l’économie et la société nigérianes. L’analphabétisme et le manque de compétences réduisent les opportunités d’emploi, exacerbent la pauvreté et alimentent la criminalité. Avec une population dont plus de 40 % est âgée de moins de 14 ans, le manque d’accès à l’éducation constitue une menace directe pour l’avenir du Nigéria, compromettant son développement à long terme.
Pour remédier à cette crise, le gouvernement nigérian et les organisations internationales mettent en œuvre des initiatives ambitieuses. Le programme Universal Basic Education (UBE) vise à garantir une éducation gratuite et obligatoire au niveau primaire et secondaire. Cependant, l’insuffisance des ressources allouées freine son efficacité. Actuellement, le Nigéria consacre seulement 6 % de son budget national à l’éducation, un chiffre bien en deçà des 20 % recommandés par l’UNESCO.
Des partenaires internationaux, tels que l’UNICEF et la Banque mondiale, jouent un rôle clé en finançant des projets éducatifs. En 2023, des fonds ont été alloués à la construction de 10 000 écoles dans les zones rurales et à la formation de 50 000 enseignants. Des programmes comme « Back to School » encouragent le retour des élèves après les conflits, tandis que des initiatives axées sur les filles visent à réduire les inégalités de genre dans l’accès à l’éducation.
La crise éducative au Nigéria exige des solutions globales et urgentes qui ne peuvent reposer uniquement sur l’aide internationale. Le gouvernement doit augmenter de manière significative ses investissements dans l’éducation, construire davantage d’écoles et renforcer les infrastructures. La lutte contre la pauvreté reste également une priorité essentielle. Offrir un accès équitable à l’éducation à des millions d’enfants n’est pas seulement une nécessité humanitaire, mais aussi un levier stratégique pour assurer un développement durable et un avenir prometteur au Nigéria.