À la fin du mois d’octobre 2024, le gouvernement gabonais a lancé une vaste campagne de recensement des fonctionnaires pour débusquer les «employés fictifs», absents de leurs postes lors d’un audit réalisé par les autorités militaires en décembre dernier. Près de 13 000 fonctionnaires n’ont pas été retrouvés à leurs lieux de travail, bien qu’ils continuaient à recevoir des salaires de la part des institutions publiques.
L’audit a révélé un fait troublant : une grande partie de ces fonctionnaires ne percevait pas directement leurs salaires sur leurs comptes bancaires, comme c’est le cas pour les autres employés du secteur public. À la place, ils se rendaient dans un stade pour récupérer leurs bulletins de paie après avoir justifié leur absence lors du contrôle initial. Ce processus inhabituel a soulevé des questions sur l’ampleur de la fraude au sein du secteur public gabonais.
Le phénomène des emplois fictifs, particulièrement à une échelle aussi importante, représente une perte financière considérable pour l’État. Avec un salaire mensuel moyen estimé à 275 000 francs CFA (environ 460 dollars américains), les pertes annuelles dues à ces 13 000 fonctionnaires fictifs pourraient dépasser les 71 millions de dollars, mettant en péril la stabilité économique du pays.
L’objectif de cette campagne de recensement est clair : rétablir la transparence dans la gestion des ressources humaines en éliminant les pratiques frauduleuses et en renforçant l’efficacité des services publics. L’audit a mis en lumière de nombreux cas où des individus figuraient sur les listes de paie sans remplir aucune fonction, recevant ainsi des salaires indus, ponctionnés sur le budget national.
Certains fonctionnaires concernés par le recensement ont contesté les accusations, affirmant être présents dans les administrations mais justifiant leur absence lors de l’audit par des motifs personnels ou administratifs. Toutefois, beaucoup n’ont pas été en mesure de fournir des justificatifs valables pour appuyer leurs déclarations. Les autorités entendent poursuivre cette campagne pour mesurer l’étendue réelle de la fraude et prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à ces abus.
Cette opération s’inscrit dans le cadre d’une série de réformes plus larges visant à combattre la corruption et à améliorer la gestion des ressources humaines dans le secteur public gabonais. Si ces initiatives pourraient réduire les pertes budgétaires et rétablir la confiance dans les institutions publiques, la récupération des sommes détournées reste un défi complexe.