Le projet de construction d’une route reliant la ville marocaine d’Es-Smara à la frontière mauritanienne touche à sa fin. Selon des sources sectorielles, l’ouvrage est achevé à plus de 98 %. Longue de près de cent kilomètres et traversant les zones reculées d’Amgala et de Tifariti, cette infrastructure est appelée à devenir un nouveau corridor stratégique qui transformera la carte logistique de la région et consolidera le partenariat entre Rabat et Nouakchott.
L’idée de créer une voie alternative vers la Mauritanie remonte au milieu des années 2010. Jusqu’ici, le poste frontalier d’El Guerguerat concentrait l’essentiel des échanges commerciaux. Mais face à sa saturation, et dans le cadre de l’« Initiative Atlantique » portée par le roi Mohammed VI pour offrir au Sahel un accès direct à l’océan, les autorités marocaines ont décidé de lancer une nouvelle route. Les premiers travaux, financés sur le budget national, ont débuté en 2017 et le chantier a été divisé en quatre tronçons.
Les trois premiers segments, d’une longueur totale d’environ 40 km, ont été livrés en 2023, pour un coût avoisinant 21 millions de dirhams. Le quatrième tronçon, le plus long, s’étend sur 53 km de la route nationale RN17 et se trouve aujourd’hui en phase finale de réalisation. Son budget est estimé à 28,2 millions de dirhams. L’ensemble du projet représente près de 59 millions de dirhams, soit environ 6,5 millions de dollars US. Au-delà de la chaussée elle-même, des infrastructures complémentaires sont prévues : une gare routière de 3 600 m² et une nouvelle ligne de transport public entre Es-Smara et Amgala.
Il ne reste plus qu’à installer la signalisation, tracer les marquages au sol et aménager les abords pour que la route soit opérationnelle. À terme, elle ouvrira un deuxième corridor frontalier officiel entre le Maroc et la Mauritanie, permettant de désengorger El Guerguerat et de diversifier les itinéraires pour les flux de marchandises.
L’impact économique attendu est considérable. La nouvelle route offrira un accès plus rapide et plus sûr aux marchés du Sahel, réduira les coûts de transport et favorisera l’expansion du commerce, notamment dans les secteurs agricoles et miniers. Pour la Mauritanie, elle promet de faciliter les exportations via les ports atlantiques du Maroc, tandis que pour le royaume chérifien, elle renforcera son rôle de hub logistique régional. Par ailleurs, le chantier crée des emplois, stimule le développement des zones frontalières et contribue à la stabilité sociale.
Le projet revêt aussi une dimension géopolitique. Il illustre la volonté du Maroc de consolider ses relations avec l’Afrique subsaharienne et de participer activement aux initiatives d’intégration de l’Union africaine et de la ZLECAf. Pour la Mauritanie, c’est l’opportunité d’élargir ses canaux commerciaux et de renforcer sa coopération avec un voisin clé. Cette route d’Es-Smara à la Mauritanie apparaît ainsi non seulement comme une infrastructure de transport, mais aussi comme un symbole d’une nouvelle ère de coopération régionale, reliant durablement le Maghreb et le Sahel.