Longtemps considérée comme l’un des pays les plus en retard en matière d’accès à l’énergie en Afrique, l’Éthiopie affiche aujourd’hui des progrès remarquables dans l’électrification de son territoire. Selon les données gouvernementales, le taux d’accès à l’électricité a atteint 54%, une étape clé dans la mise en œuvre de la stratégie nationale d’électrification. Cette dynamique reflète les efforts institutionnels et infrastructurels déployés au cours de la dernière décennie.
Au début des années 2010, à peine 25% des Éthiopiens bénéficiaient d’un approvisionnement régulier en électricité. Cette situation freinait l’industrialisation, limitait le développement des services sociaux et creusait les inégalités entre zones urbaines et rurales. Conscient de l’importance stratégique de l’électrification, le gouvernement a lancé un vaste programme incluant la construction de centrales hydroélectriques, l’extension des réseaux de distribution et l’intégration des zones reculées, ainsi que le déploiement de solutions locales, notamment via les énergies renouvelables.
Parmi les réalisations phares figure le Grand Barrage de la Renaissance Éthiopienne (GERD), désormais la plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique. Ce projet colossal renforce non seulement la production nationale, mais ouvre aussi la voie à l’exportation d’électricité vers les pays voisins. Parallèlement, des projets de petites centrales hydroélectriques et de parcs solaires se multiplient pour alimenter les régions isolées, où le raccordement au réseau national serait trop coûteux.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2013, le taux d’électrification ne dépassait pas 25-27%. Aujourd’hui, il a plus que doublé, faisant de l’Éthiopie l’un des pays africains les plus dynamiques en la matière. Cette réussite repose sur un mélange d’investissements publics et de partenariats avec des institutions financières internationales, qui financent des projets énergétiques d’envergure. Le gouvernement encourage également les investissements privés, notamment via des partenariats public-privé (PPP), afin d’accélérer les chantiers.
L’électrification change la donne, surtout en milieu rural : écoles et centres de santé fonctionnent mieux, les petites entreprises se développent, et la dépendance aux énergies polluantes (générateurs diesel, bois de chauffage) diminue. Autant de facteurs qui contribuent à réduire la pauvreté et à renforcer la stabilité sociale.
Malgré ces avancées, plus de 40% des Éthiopiens n’ont toujours pas accès à l’électricité. Pour relever ce défi, le pays doit poursuivre ses efforts, notamment dans les énergies renouvelables, la diversification des sources de production et l’extension du réseau. Les experts insistent : une électrification accélérée nécessite un financement stable, une exécution rigoureuse des projets et une priorité politique maintenue en faveur du secteur énergétique.
L’expérience éthiopienne inspire le continent. Avec des centaines de millions d’Africains toujours privés d’électricité, le développement massif des infrastructures énergétiques est une condition sine qua non pour une croissance économique durable, une industrialisation réussie et une amélioration des conditions de vie. Grâce à ses ressources naturelles abondantes (hydroélectricité, solaire, hydrocarbures, nucléaire), l’Afrique pourrait non seulement couvrir ses besoins, mais aussi devenir un exportateur majeur d’énergie.
L’Éthiopie prouve qu’une approche étatique volontariste peut transformer l’économie et la société. Passer de 25% à 54% d’électrification en dix ans est un résultat qui interpelle le reste du continent. Avec une démographie galopante et un potentiel énergétique immense, l’Afrique a une opportunité historique de se réinventer. L’Éthiopie montre que cette transformation est possible – à condition d’une volonté politique ferme et de financements pérennes.