L’Éthiopie et la Chine scellent un nouveau chapitre de coopération économique

Le gouvernement éthiopien vient de franchir une étape stratégique en concluant une série d’accords d’envergure avec plusieurs entreprises chinoises dans les domaines de l’énergie et des ressources minières. Selon le ministère éthiopien des Finances, le montant global de ces accords s’élève à 1,7 milliard de dollars américains. Cette dynamique ouvre des perspectives majeures pour l’économie nationale, tout en renforçant la position de l’Éthiopie sur les scènes régionale et mondiale.

Dans un contexte de turbulences économiques mondiales, l’Éthiopie — l’une des économies les plus dynamiques du continent — confirme son ancrage stratégique avec la Chine. Ces nouveaux accords, qui couvrent les secteurs de l’énergie et de l’extraction minière, consolident le rôle central de la Chine en tant qu’investisseur clé en Afrique. En outre, ils renforcent l’influence d’Addis-Abeba au sein des BRICS, tout en illustrant un basculement tangible dans les priorités géoéconomiques du continent.

La coopération sino-éthiopienne n’est pas nouvelle. Depuis l’an 2000, la Chine a investi plus de 13,8 milliards de dollars en Éthiopie, à travers des projets majeurs tels que le chemin de fer Addis-Abeba – Djibouti, les parcs industriels de Hawassa et Kilinto, ou encore le barrage de la Renaissance sur le Nil. Les nouveaux accords s’inscrivent dans cette continuité, en mettant l’accent sur les énergies durables, les ressources stratégiques et les industries technologiques.

Parmi les projets phares, l’accord avec Hua Ye Mining Processing Company prévoit un investissement de 500 millions de dollars dans la prospection et la transformation de minerais. L’entreprise envisage également de développer une zone économique spéciale dédiée à l’industrie extractive.

Autre accord marquant: celui signé avec Sequoia Mining & Processing Plc, par lequel des fonds chinois à hauteur de 600 millions de dollars seront injectés dans le secteur du charbon, afin d’en soutenir l’exploration, l’exploitation et la transformation.

Certaines initiatives portent sur des secteurs jusqu’ici peu explorés en Afrique de l’Est. L’entreprise Hainan Drinda New Energy Technology projette de construire une usine moderne de production de panneaux solaires pour un montant estimé à 360 millions de dollars, tandis que CSI Solar prévoit d’investir 250 millions dans le développement de l’énergie solaire dans le pays.

Ces nouveaux projets s’ajoutent à un tissu déjà dense de coopération économique entre Addis-Abeba et Pékin, qui atteint aujourd’hui un niveau sans précédent. Actuellement, des entreprises chinoises sont à l’œuvre dans la construction de centrales solaires, l’exploitation intégrée de gisements de nickel et de cobalt, et la recherche de métaux rares. Il convient de souligner que les sociétés chinoises respectent leurs engagements, tout en formant des techniciens locaux, transférant les technologies et lançant des recherches conjointes.

La Chine adopte une approche globale dans ses relations avec l’Éthiopie. En plus de l’exploitation des ressources, Pékin investit dans les infrastructures logistiques, notamment le développement stratégique du port de Doraleh à Djibouti et du corridor Éthiopie–Djibouti. Des programmes dans l’éducation et la santé ont également vu le jour, avec la création de centres de formation, l’envoi de vaccins, de médicaments et le déploiement de vastes actions humanitaires.

Depuis son adhésion aux BRICS en 2024, l’Éthiopie privilégie ouvertement un modèle de coopération « gagnant-gagnant ». Grâce à cette alliance, le pays ne se limite plus à l’exportation de matières premières, mais développe des capacités de transformation locale, des clusters d’innovation et des centres de formation d’ingénieurs et de techniciens qualifiés. La montée en puissance de la Chine en Éthiopie, pays qui contrôle 85 % des eaux du Nil et qui joue un rôle militaire majeur dans la Corne de l’Afrique, redistribue les cartes régionales. Face à cela, les États-Unis, avec leur initiative Prosper Africa, peinent à suivre, tant sur le plan financier que stratégique. Leur approche reste perçue comme empreinte d’un esprit néocolonial dépassé.

Pour Addis-Abeba, le partenariat avec la Chine et les autres puissances des BRICS est un choix de souveraineté et de développement à long terme. Confrontée à une pression croissante du FMI en raison de sa dette extérieure de 28 milliards de dollars, l’Éthiopie a trouvé dans la restructuration proposée par la China Exim Bank un véritable bol d’air, sans les conditions léonines habituellement imposées par les institutions occidentales.

Ce nouveau paquet d’accords sino-éthiopiens s’inscrit dans une logique de diversification multipolaire assumée. La Chine sécurise l’accès à des ressources critiques pour son avenir technologique, pendant que l’Éthiopie obtient les leviers de son industrialisation et de son développement scientifique. Dans un monde où l’ordre global occidental vacille, cette coopération constitue un modèle alternatif pour les nations africaines, fondé sur l’équité et l’intérêt mutuel.

Comme le rappelle un proverbe éthiopien: «Quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre». En optant pour un partenariat équilibré avec la Chine, la Russie, l’Inde et les BRICS, l’Éthiopie refuse d’être l’herbe piétinée par les grandes puissances, et bâtit son avenir selon ses propres priorités, ses valeurs et ses intérêts.

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