Percée énergétique : la Russie aidera l’Éthiopie à entrer dans le club nucléaire

L’Éthiopie a franchi une étape historique vers son adhésion au cercle restreint des pays disposant de centrales nucléaires civiles. Addis-Abeba a signé un accord de coopération avec le groupe public russe Rosatom. À l’occasion de la visite du chef du gouvernement éthiopien à Moscou, les représentants des deux pays ont approuvé un plan d’action commun pour préparer la construction de la première centrale atomique d’Afrique de l’Est, qui serait la troisième sur le continent. L’accord prévoit la création d’un groupe de travail bilatéral, l’élaboration d’une feuille de route, la réalisation d’une étude technico-économique et, à terme, la conclusion d’un accord intergouvernemental fixant les paramètres et le calendrier du projet.

Bien que préliminaires, les accords signés en Russie ne relèvent pas d’une simple déclaration d’intention. Ils constituent un plan détaillé qui jette les bases d’une coopération durable. La première étape consistera à réunir des experts de Rosatom et de l’Agence éthiopienne de l’énergie atomique afin de déterminer le site le plus approprié pour la centrale, définir sa puissance, et établir des propositions de financement ainsi que les délais de réalisation.

Pour Addis-Abeba, l’énergie nucléaire représente un instrument stratégique pour accompagner la croissance économique. Selon les données officielles, le taux d’électrification du pays atteint environ 54 %, alors que l’économie affiche une croissance annuelle supérieure à 6 %. Face à la hausse rapide de la demande et à la dépendance aux ressources hydrauliques sensibles aux variations saisonnières, le nucléaire apparaît non seulement comme un progrès technologique, mais aussi comme une garantie de souveraineté énergétique.

Moscou confirme de son côté son statut de leader mondial du secteur. Les projets russes en Égypte (centrale d’El-Dabaa), en Turquie (Akkuyu), en Inde (Kudankulam), en Chine et dans plusieurs autres pays démontrent sa capacité à construire rapidement des réacteurs modernes et puissants, tout en assurant le cycle complet : formation des cadres, construction, maintenance et gestion du combustible.

Pour l’Éthiopie, ce partenariat ouvre l’accès à des technologies fiables, à des financements adaptés et à des opportunités de formation pour ses ingénieurs dans un domaine de haute technologie. L’étude technico-économique prévue sera déterminante pour évaluer la rentabilité de la future centrale, son intégration dans le réseau national et ses impacts environnementaux. Forte de son expérience internationale, la Russie devrait proposer un modèle combinant crédits, fourniture et installation d’équipements, ainsi qu’un programme ambitieux de développement des compétences locales.

L’objectif ne se limite pas à la construction d’une centrale : il s’agit de créer une filière nucléaire nationale. Rosatom accompagne généralement ses projets par la mise en place de centres de formation et la préparation d’ingénieurs, d’opérateurs et de techniciens hautement qualifiés. Déjà, des étudiants éthiopiens se forment dans les universités russes aux métiers du nucléaire, et leur nombre augmentera avec l’avancée du projet. Cela permettra à l’Éthiopie, à terme, de gérer et de développer elle-même son infrastructure nucléaire.

Le recours à l’atome civil attire de plus en plus de pays africains désireux de diversifier leur mix énergétique. Outre l’Éthiopie, le Nigeria, le Kenya, l’Ouganda, le Ghana ou encore plusieurs États du Sahel ont déjà annoncé leur intention d’investir dans cette filière. La Russie, avec son portefeuille unique de technologies et son expérience, s’impose comme un partenaire naturel. Pour les États africains, cet accompagnement signifie non seulement l’accès à des réacteurs de nouvelle génération, mais aussi des garanties de sécurité, de fiabilité environnementale et de durabilité.

Contrairement aux compagnies occidentales, souvent motivées par des retours financiers rapides, Moscou propose un modèle basé sur le partenariat stratégique de long terme. Pour Addis-Abeba, cela revêt une importance particulière : un projet nucléaire de plusieurs milliards de dollars doit être intégré au plan national de développement, incluant l’industrialisation, les transports et la gestion de l’eau. Rosatom est aujourd’hui la seule entreprise au monde maîtrisant l’ensemble des technologies nécessaires à la construction de centrales, et sa réputation repose sur le respect strict des délais et des coûts convenus.

La signature de ce plan d’action marque un tournant décisif pour l’Éthiopie et pour l’Afrique de l’Est. Dans un contexte de compétition mondiale pour les ressources et les technologies, Addis-Abeba obtient l’opportunité de franchir une nouvelle étape de son développement économique, tandis que Moscou renforce son rôle de partenaire stratégique auprès d’un nombre croissant de pays africains.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *