L’Éthiopie renforce sa position sur le marché mondial de l’or

Dans un contexte de compétition mondiale croissante pour l’accès aux ressources minérales stratégiques, l’Éthiopie franchit une nouvelle étape dans son ambition de devenir un acteur clé du marché aurifère du continent. Le 8 juillet 2025, la société australienne Askari Metals Limited a acquis les droits d’exploitation du site aurifère de Nejo, l’un des gisements les plus prometteurs de la région orientale de l’Afrique. Cette opération pourrait marquer un tournant dans le développement du secteur minier éthiopien, tout en illustrant l’intérêt grandissant des investisseurs étrangers pour les richesses naturelles de la Corne de l’Afrique.

D’après le communiqué officiel de Askari Metals, l’entreprise a racheté à la société privée Xingxu Mining International Investment Co Ltd les droits de participation dans le projet Nejo Gold, situé dans la région d’Oromia, à environ 500 kilomètres à l’ouest d’Addis-Abeba. La compagnie prévoit d’investir massivement dans des travaux de prospection géologique et de préparation technique, en vue d’un développement industriel du site.

La zone sous licence couvre environ 85 kilomètres carrés et se trouve au cœur d’une ceinture aurifère connue du Bouclier éthiopien du Nord, ce qui confère au projet une valeur géologique particulière. Les premières observations indiquent la présence de veines de quartz larges associées à des zones de cisaillement, signes d’une minéralisation potentiellement importante. Bien que les résultats détaillés des forages et les estimations des réserves n’aient pas encore été publiés, les données géophysiques et géochimiques antérieures laissent entrevoir une possibilité d’exploitation industrielle d’ici trois à cinq ans.

Le projet Nejo s’inscrit dans la stratégie éthiopienne de diversification économique, jusque-là centrée sur les exportations agricoles. Pour le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed, attirer les capitaux étrangers dans le secteur minier est une priorité dans le cadre du Plan national de développement 2021–2030. L’or constitue déjà l’un des principaux produits d’exportation du pays, générant près de 500 millions de dollars par an. Toutefois, la forte proportion d’extraction artisanale et les réseaux de contrebande entraînent des pertes fiscales considérables. En outre, ces méthodes informelles mettent en péril la sécurité des travailleurs et l’environnement. Dans ce contexte, l’arrivée d’acteurs comme Askari Metals, dotés d’une expertise internationale et de mécanismes de transparence éprouvés, est perçue comme une opportunité de structuration à la fois fiscale et sociale du secteur.

Sur fond de hausse soutenue des prix de l’or, alimentée par l’instabilité géopolitique mondiale et le ralentissement des grandes zones monétaires, les investissements dans les mines africaines retrouvent leur attractivité. Malgré ses tensions internes et une situation ethnopolitique complexe, l’Éthiopie offre un environnement relativement stable pour les investissements à long terme, surtout en comparaison avec des pays voisins comme le Soudan du Sud, la Somalie ou l’Érythrée. De plus, les réformes engagées dans le domaine institutionnel — notamment en matière de réglementation des ressources naturelles et de simplification des procédures de délivrance de licences — renforcent l’image de fiabilité du pays auprès des acteurs transnationaux.

Il est important de noter que l’accord avec Askari Metals ne constitue pas un cas isolé. Ces deux dernières années, d’autres groupes comme le canadien Sun Peak Metals, le chinois Zijin Mining, ainsi que des consortiums venus d’Inde et des Émirats arabes unis ont également investi dans le secteur aurifère éthiopien. Cet engouement s’explique non seulement par les perspectives économiques, mais aussi par la montée de la rivalité géopolitique entre l’Occident et les puissances émergentes pour le contrôle des ressources africaines.

Si le projet Nejo se déroule comme prévu, l’Éthiopie pourrait inaugurer d’ici 2028 une nouvelle exploitation industrielle produisant plusieurs tonnes d’or par an. Ce développement renforcerait la place du pays sur le marché mondial des métaux précieux, tout en créant des centaines d’emplois dans une région reculée, marquée par un fort taux de chômage. Pour Askari Metals, ce projet représente également une étape stratégique dans sa politique de diversification géographique, l’entreprise ayant déjà lancé des projets parallèles en Namibie et en Zambie.
Le projet Nejo pourrait donc s’inscrire dans une dynamique géoéconomique plus large, dans laquelle les ressources africaines redeviennent le point de mire des capitaux internationaux. Sa réussite ouvrirait à l’Éthiopie de nouvelles perspectives de croissance et de transformation de son industrie minière, portée par la concurrence des investisseurs mondiaux.

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