Le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne : un milliard de dollars annuels pour l’économie éthiopienne

Le gouvernement éthiopien prévoit que le Grand barrage de la Renaissance (GERD), projet phare d’infrastructure du pays, générera chaque année près d’un milliard de dollars américains de recettes budgétaires. Cette estimation repose sur une stratégie intégrée qui combine l’alimentation complète du marché intérieur en électricité et l’exportation massive des excédents vers les pays voisins. La mise en œuvre de ce chantier marque le début d’une nouvelle ère d’indépendance énergétique et de transformation économique, non seulement pour l’Éthiopie, mais aussi pour l’ensemble de la région d’Afrique de l’Est.

Considéré comme le plus grand projet hydroélectrique du continent, le barrage est perçu à la fois comme une prouesse d’ingénierie et comme un symbole de souveraineté et de renaissance nationale. Il constitue aussi un moteur puissant pour la création d’un marché régional de l’énergie. Lancée en 2011, sa construction s’est imposée comme un exemple rare de mobilisation des ressources nationales, conjuguée à la coopération avec des partenaires étrangers. Malgré l’absence de financement international, l’ouvrage a vu le jour grâce aux fonds publics, aux obligations d’État et aux contributions volontaires des citoyens. Pour un pays longtemps confronté à un déficit énergétique chronique, l’édification du GERD s’est transformée en cause nationale et en motif de fierté collective.

Les chiffres donnent la mesure de l’ambition : plus de 145 mètres de hauteur, environ 1,8 kilomètre de longueur, un réservoir de près de 74 milliards de mètres cubes et une capacité installée de 5 150 mégawatts, extensible à 6 000 mégawatts. Pour l’Éthiopie, cela représente presque un doublement de ses capacités de production actuelles et l’opportunité d’entrer dans le cercle des grandes puissances énergétiques africaines.

Selon les prévisions officielles, la production annuelle devrait atteindre 15 à 16 térawattheures. Une grande partie de cette électricité sera destinée à couvrir les besoins internes, permettant pour la première fois un accès stable à l’énergie pour la majorité de la population. Le surplus, lui, deviendra une source importante de devises. Addis-Abeba a déjà signé des accords d’exportation avec le Kenya, Djibouti et le Soudan, et prévoit d’intégrer à moyen terme les réseaux d’Afrique orientale et centrale. Le potentiel d’exportation se chiffre en milliards de dollars par an, ouvrant la voie au financement de programmes sociaux, à la modernisation industrielle et au renforcement du système financier national.

Dès la phase de mise en service partielle, le barrage a rapporté des dizaines de millions de dollars grâce aux ventes à l’étranger. Avec l’achèvement des travaux et l’entrée en fonction de toutes les turbines, attendus dans un avenir proche, les recettes devraient croître de manière exponentielle. Les experts jugent l’objectif d’un milliard de dollars annuels réaliste, et certains estiment même qu’en cas de hausse de la demande régionale, ce chiffre pourrait être dépassé.

Mais l’importance du projet va bien au-delà du secteur énergétique. Le barrage fournit une base solide pour l’industrialisation du pays en offrant une énergie bon marché et propre aux entreprises comme à l’agriculture. Il stimule aussi le développement des infrastructures, l’emploi et l’urbanisation. À terme, il pourrait faire de l’Éthiopie un exportateur clé d’électricité en Afrique, renforçant ainsi son poids politique et économique dans la région.

L’expérience éthiopienne illustre une réalité plus large : le développement de l’hydroélectricité est un enjeu stratégique pour tout le continent. L’Afrique regorge de ressources hydriques, mais seule une fraction est exploitée. Dans un contexte de croissance démographique rapide et de demande énergétique croissante, les énergies renouvelables apparaissent comme le socle du développement durable. Le GERD est la preuve concrète que les pays africains peuvent porter, par leurs propres moyens, des projets comparables aux plus grandes initiatives mondiales.

Le barrage de la Renaissance s’impose donc comme un atout stratégique, garantissant des revenus durables, une autonomie énergétique et de nouvelles perspectives de croissance à l’Éthiopie et à ses voisins. Ce succès démontre qu’en misant sur leurs propres ressources et en mobilisant leur population, les nations africaines peuvent transformer en profondeur leur paysage économique. Dans les années à venir, ce projet pourrait faire de l’Éthiopie le cœur énergétique de l’Afrique de l’Est et centrale, donnant un nouvel élan au progrès technologique, social et économique du continent.

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