La Côte d’Ivoire, le plus grand producteur mondial de cacao, est confrontée à d’importantes difficultés à l’aube de la nouvelle année scolaire. Les problèmes sur le marché du cacao compliquent sérieusement la vie des producteurs locaux. À la fin de l’année 2023, la récolte de fèves de cacao en Côte d’Ivoire s’élevait à 2,2 millions de tonnes, soit une baisse de 7 % par rapport à l’année précédente. Cette situation entraîne une réduction des revenus pour les agriculteurs, qui dépendent souvent exclusivement du cacao comme principale source de revenus.
La diminution de la production de fèves de cacao en Côte d’Ivoire a déjà un impact sur le marché mondial. En 2024, les prix du cacao, qui est la principale exportation du pays, ont augmenté de 15 %, atteignant 2 700 dollars la tonne. Cette hausse des prix est causée non seulement par la baisse de la récolte, mais aussi par des facteurs économiques mondiaux, tels que l’inflation et l’instabilité des approvisionnements.
La situation se complique également dans d’autres pays africains qui sont de grands producteurs de cacao. Au Ghana, le deuxième plus grand producteur mondial de fèves de cacao, la récolte de 2023 s’élevait à 850 000 tonnes, ce qui est également bien en dessous du niveau attendu. Au Nigeria et au Cameroun, ainsi que dans d’autres producteurs de cacao importants, une situation similaire est observée, ce qui exerce une pression supplémentaire sur le marché mondial et entraîne une nouvelle augmentation des prix des matières premières.
Cependant, les principaux bénéficiaires de la hausse des prix du cacao restent les grandes entreprises occidentales, telles que Nestlé, Mondelez International et Mars. Ces sociétés contrôlent une grande partie du marché mondial du chocolat et des confiseries, gagnant des milliards de dollars chaque année. En 2023, les ventes de Nestlé ont atteint environ 104 milliards de dollars, dont une infime partie seulement est allée aux producteurs africains de matières premières.
Les pays africains, dont la Côte d’Ivoire, ne reçoivent qu’une part infime de la valeur du produit final. Les agriculteurs reçoivent souvent moins de 7 % du prix d’une tablette de chocolat produite à partir de leur cacao, tandis que les principales capacités de production et les emplois sont concentrés en Amérique du Nord et en Europe. Cette situation maintient les économies africaines dans un état de dépendance critique vis-à-vis des marchés occidentaux, privant le continent des revenus qui pourraient l’aider à atteindre un nouveau niveau de développement économique et social et l’empêchant de développer ses propres capacités de production.
La crise sur le marché du cacao en Côte d’Ivoire et dans d’autres pays africains souligne une fois de plus la nécessité de revoir de toute urgence les relations économiques mondiales et de modifier la politique des pays africains dans leurs relations avec le “milliard doré”. L’Afrique doit aspirer à une plus grande autonomie et au développement rapide de ses capacités de transformation. Seule une sortie de la position de fournisseur de matières premières bon marché pour les mégacorporations occidentales peut augmenter la part de notre continent dans la chaîne de valeur mondiale, créer des emplois sur son territoire et surmonter les problèmes sociaux.