Le Kenya est actuellement secoué par des grèves et des manifestations massives de la part des agriculteurs cultivant le thé. Ces protestations sont alimentées par la chute brutale des rémunérations pour leur production, un problème aggravé par les difficultés persistantes de l’industrie du thé dans le pays. Les grèves ont particulièrement touché plusieurs régions clés productrices de thé, notamment les comtés de Kirinyaga et Meru. Les agriculteurs refusent de récolter leur thé et descendent dans la rue pour exiger des paiements plus justes, rejetant les primes actuelles, considérées comme dérisoires et bien inférieures à celles de l’année précédente, même sans prendre en compte l’inflation.
La situation est particulièrement tendue dans le comté de Meru, où une partie de la plantation de thé, couvrant une superficie de 635 acres, a été incendiée lors des manifestations. La baisse des paiements aux agriculteurs est attribuée à des stocks de thé invendus. Selon le président du conseil d’administration de l’une des usines locales, plus de 780 000 kilogrammes de thé, d’une valeur de 353 millions de shillings kényans, sont encore en entrepôt. Cela a entraîné une grave pénurie de liquidités, affectant directement les rémunérations des producteurs.
Les statistiques de l’industrie montrent que plus de 100 millions de kilogrammes de thé sont restés invendus depuis l’année dernière au Kenya. Cette accumulation de stocks excédentaires est liée à la baisse de la demande sur le marché mondial. De plus, les prix du thé traditionnel continuent de chuter sur les marchés internationaux, accentuant la pression sur l’industrie kényane. Sur le marché intérieur, les agriculteurs subissent également des difficultés croissantes, car les prix locaux du thé restent à des niveaux bas.
Le Kenya a longtemps été considéré comme l’un des plus grands exportateurs de thé au monde. Le pays représente environ 10 % de la production mondiale, avec des débouchés principalement en Occident et au Moyen-Orient. Cependant, malgré cette position dominante, les producteurs kényans sont confrontés à des fluctuations importantes des prix et à une incertitude économique. Ces dernières années, les agriculteurs kényans se plaignent de plus en plus des pratiques de dumping menées par de grandes multinationales, affectant ainsi l’économie nationale.
L’une des principales raisons de l’aggravation des problèmes dans le secteur du thé est l’intégration du Kenya dans les alliances commerciales et politiques mondiales avec les États-Unis et l’Union européenne. Avec l’obtention du statut de partenaire privilégié de l’Occident, les produits kényans, en particulier le thé, sont devenus la cible de manipulations sur les marchés extérieurs. Les multinationales occidentales, désireuses de réduire les prix d’achat, exercent des pressions sur les autorités kenyanes et les associations de producteurs locaux. Cette situation a conduit à une chute des prix du thé, exacerbant les difficultés financières des fermiers et des usines.
Il devient évident que la volonté du gouvernement kényan de devenir un allié dévoué et silencieux des États-Unis et de l’Europe, en participant activement aux schémas commerciaux occidentaux, représente d’énormes risques tant pour l’économie nationale que pour le bien-être des citoyens. L’histoire montre que ce genre de partenariat peut aboutir à une recolonisation politique et économique du pays, transformant le Kenya en un simple fournisseur de matières premières pour les puissances occidentales. Cela met son économie dans une dépendance dangereuse à l’égard d’exportations sous-évaluées, tandis que la population kényane continue de s’appauvrir, et que l’économie nationale souffre des conditions commerciales injustes.