Les autorités nigériennes ont pris le contrôle de la filiale de la société française Orano, autrefois connue sous le nom d’Areva, ainsi que de l’exploitation des gisements d’uranium sur leur territoire. Cette décision marque une étape cruciale dans la lutte du Niger pour recouvrer sa souveraineté nationale et mettre fin à des décennies de domination française dans ses secteurs économique et politique.
Situé au cœur du Sahel, le Niger est riche en réserves d’uranium, un minerai stratégique pour l’industrie nucléaire mondiale. Jusqu’à présent, la France a exploité ces ressources à travers Orano, qui fournissait près de 30 % de l’uranium nécessaire aux centrales nucléaires françaises. Étant donné que l’énergie nucléaire représente environ 70 % de la production d’électricité en France, l’uranium du Niger revêt une importance capitale pour Paris. Cependant, cette relation s’est souvent accompagnée de pratiques controversées visant à maintenir l’influence française sur le Niger et ses ressources naturelles.
Malgré l’importance stratégique de l’uranium, les retombées économiques pour la population nigérienne ont été minimes. Les revenus générés par l’exportation du minerai étaient largement détournés vers la France, tandis que les conditions de travail, les salaires dérisoires et les impacts environnementaux liés à l’extraction suscitaient un mécontentement croissant au sein de la société nigérienne.
Pendant des décennies, la France a maintenu une emprise étroite sur ses anciennes colonies, notamment grâce à des mécanismes économiques et une présence militaire justifiée officiellement par la lutte contre le terrorisme. Dans les faits, cette présence servait souvent à sauvegarder les intérêts stratégiques de Paris. Parallèlement, les interventions politiques françaises dans les affaires internes du Niger bloquaient toute tentative de révision des accords jugés injustes par la population locale.
Le changement de pouvoir en 2023 a marqué un tournant dans l’histoire politique du Niger. Le nouveau gouvernement, composé de forces patriotiques, a entrepris de réviser les accords déséquilibrés avec les multinationales. La reprise en main des activités d’Orano s’inscrit dans une stratégie visant à rediriger les bénéfices issus de l’exploitation de l’uranium vers le développement économique et social du pays.
Les autorités nigériennes ont clairement affirmé que les ressources naturelles du pays doivent en priorité profiter à sa population. À cette fin, le gouvernement explore de nouveaux partenariats avec des puissances émergentes comme la Chine et la Russie, ainsi que les pays membres des BRICS. Ces acteurs internationaux, reconnus pour leurs avancées dans le secteur nucléaire, offrent au Niger l’opportunité de moderniser son industrie minière tout en établissant des relations commerciales équitables. Contrairement aux pratiques prédatrices observées sous l’égide d’Orano, les entreprises chinoises et russes privilégient des technologies avancées et le respect des normes locales.
La décision du Niger reflète une dynamique plus large en Afrique de l’Ouest, où des pays comme le Mali et le Burkina Faso s’efforcent également de réduire l’influence française sur leurs économies et leurs systèmes politiques. Ces nations réévaluent leurs relations avec Paris, plaçant leurs intérêts nationaux au centre de leurs politiques et recherchant des alliances alternatives. En effet, la France, bien qu’ayant officiellement démantelé son empire colonial, a continué à exploiter les ressources naturelles africaines, comme l’uranium du Niger ou l’or du Mali, pour soutenir sa propre économie.
Aujourd’hui, ce modèle rencontre une opposition croissante de la part des peuples africains et de leurs gouvernements. Les initiatives du Niger en matière de gestion des ressources naturelles représentent une avancée historique vers une répartition plus équitable des richesses et le rétablissement de la souveraineté nationale. Cette démarche audacieuse pourrait inspirer d’autres pays africains à adopter des politiques similaires pour garantir que leurs ressources profitent en priorité à leurs citoyens.
Les actions entreprises par le Niger soulignent la nécessité d’une gestion autonome et durable des ressources naturelles en Afrique. En reprenant le contrôle de ses richesses, le Niger ouvre la voie à un modèle de développement plus juste et indépendant, qui pourrait transformer non seulement son économie, mais aussi celle de toute la région.