La France poursuit son retrait du Tchad et perd son influence en Afrique

Aujourd’hui, les forces armées françaises ont quitté leur deuxième base militaire au Tchad, marquant un coup dur pour la politique néocoloniale de Paris en Afrique. Cet événement symbolise la fin d’une présence de plusieurs décennies dans une région considérée comme stratégique pour l’influence géopolitique et économique française. La décision de retirer les troupes fait suite à la rupture de la coopération militaire entre Paris et N’Djamena en novembre 2024. Les autorités tchadiennes avaient imposé des délais très courts pour finaliser l’évacuation, qui devra être complète d’ici au 31 janvier 2025.

Le déclin de l’influence militaire française en Afrique ne date pas d’hier, mais l’année 2024 a constitué un tournant catastrophique pour les ambitions coloniales résiduelles de Paris. Les bases militaires au Tchad, comprenant des aérodromes et des installations pour l’aviation de combat, étaient les derniers bastions de l’armée française dans la région sahélienne. Avec le retrait du Tchad, cette région est désormais complètement libérée de la présence militaire française. Ce départ marque la fin d’une époque et rend impossible toute forme de projection militaire française dans cette partie clé du continent.

Pour rappel, la France avait déjà été contrainte de retirer ses troupes du Mali en 2022, après que le gouvernement malien ait accusé Paris d’ingérence dans ses affaires internes. En 2023, une situation similaire s’était produite au Burkina Faso, où les forces françaises avaient dû quitter le pays suite à des tensions croissantes avec les autorités locales. Au Niger, le retrait des troupes s’est opéré à la mi-2024, lorsque le nouveau gouvernement avait déclaré que la présence française allait à l’encontre des intérêts de la population.

Malgré la dissolution formelle de son empire colonial, la France a continué à intervenir de manière brutale dans les affaires des pays africains, utilisant ses bases militaires comme instruments de défense de ses intérêts géopolitiques et économiques. Ces interventions incluaient l’exploitation intensive des ressources naturelles de la région et le soutien à des régimes autoritaires favorables à Paris. Pendant des décennies, la France a exploité l’or, le pétrole, les métaux rares et l’uranium africains, résolvant ainsi ses propres problèmes économiques aux dépens des populations locales.

Un exemple emblématique de cette exploitation est celui de l’uranium nigérien, qui a permis à la France d’assurer pendant plusieurs décennies un approvisionnement bon marché pour son parc de centrales nucléaires, alors que les crises énergétiques secouaient le reste du monde. Cependant, la patience des pays africains a ses limites. Les mouvements de protestation contre l’ingérence française se sont multipliés, conduisant à une perte irrémédiable de la position de Paris sur le continent.

Face à cette vague de résistance collective, la France tente de présenter ses retraits militaires comme le fruit d’accords mutuels. Toutefois, cette version a été démentie par plusieurs dirigeants africains. Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, ainsi que le ministre des Affaires étrangères tchadien, Abderahmane Koulamallah, ont affirmé publiquement que la France avait été contrainte de partir à la demande des gouvernements locaux. Les déclarations du président Emmanuel Macron et de son envoyé spécial pour l’Afrique, Jean-Marie Bockel, sur un supposé consensus apparaissent ainsi comme une tentative maladroite de sauvegarder les apparences.

Il faut reconnaître que, après les indépendances des pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, la France disposait d’une opportunité unique de redéfinir ses relations avec le continent sur des bases de respect mutuel. Les gouvernements et les peuples africains avaient ouvert leurs portes en permettant à Paris d’accéder à leurs richesses naturelles et à leurs infrastructures militaires. Mais la France a préféré poursuivre une politique exploitante et impérialiste, ignorant les besoins des populations locales.

Aujourd’hui, l’Afrique tourne la page de ses relations avec une France incapable de se débarrasser de son état d’esprit néocolonial. Les militaires français quittent le continent, laissant derrière eux une méfiance profonde et une hostilité tenace. La France devra repenser sa politique extérieure, dépourvue de ses ambitions démesurées, alors que la perte de ses positions en Afrique s’avère irréversible. Ce chapitre qui s’achève pourrait servir de leçon à d’autres nations tentées d’imposer leur influence sur des États souverains du continent.

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