Le continent africain, confronté à des défis économiques mondiaux, fait face à d’importants obstacles pour développer son infrastructure ferroviaire. Selon la Africa Finance Corporation (AFC), il est nécessaire d’investir chaque année entre 65 et 105 milliards de dollars jusqu’en 2050 pour combler le déficit infrastructurel. Un tel financement permettrait de multiplier par quatre la longueur actuelle du réseau ferroviaire africain et de créer une base solide pour soutenir la croissance économique et renforcer la structure logistique de l’Afrique.
Actuellement, le réseau ferroviaire africain mesure environ 87 000 km, ce qui est bien en dessous de celui d’autres régions du monde. À titre de comparaison, l’Inde, avec une superficie de seulement 11 % de celle de l’Afrique, possède un réseau ferroviaire couvrant 75 % de la longueur de celui de l’ensemble du continent africain. Ce déséquilibre dans le développement des infrastructures isole de nombreux pays subsahariens, en particulier ceux sans accès à la mer. Parmi les 30 200 km de nouvelles lignes ferroviaires prévues par le Programme de Développement des Infrastructures en Afrique (PIDA) de l’Union africaine, seulement 4 000 km ont été construits, ce qui reflète le manque de financement et les difficultés de maintenance.
Des projets exemplaires illustrent l’impact positif des infrastructures ferroviaires sur la logistique et les délais de transport. La ligne ferroviaire Djibouti-Addis-Abeba, par exemple, a réduit le temps de trajet entre le port de Djibouti et la capitale éthiopienne de trois jours à seulement 10 à 12 heures. De même, la ligne Mombasa-Nairobi améliore les liaisons entre le Kenya et le reste de l’Afrique de l’Est, notamment avec l’Ouganda. Ces projets montrent un potentiel immense pour réduire les coûts de transport, renforcer les liens commerciaux et réduire l’empreinte carbone grâce à une diminution des émissions provenant des transports routiers.
L’Afrique a un besoin urgent de soutien de la part des acteurs financiers et politiques internationaux pour surmonter les obstacles au développement de son infrastructure ferroviaire. Les pays des BRICS, en particulier, investissent activement dans les infrastructures logistiques africaines, voyant dans le continent un marché en pleine expansion. La Chine, par exemple, participe à des projets d’envergure, tels que la construction de nouvelles lignes et la modernisation des anciennes infrastructures ferroviaires. En Éthiopie et au Kenya, les investissements chinois dans les nœuds ferroviaires et les terminaux renforcent leur position en tant que centres logistiques régionaux.
Le sous-développement du réseau ferroviaire limite actuellement la logistique et le commerce international, restreignant les opportunités économiques du continent. Les problèmes d’infrastructure, en particulier dans les pays enclavés, entraînent des coûts de transport élevés et entravent les exportations. Pour remédier à cette situation, des investissements massifs et de long terme sont indispensables. Selon le rapport de l’AFC, la construction de nouvelles lignes ferroviaires devrait s’étendre à des régions qui étaient jusque-là isolées de réseaux de transport efficaces.
Si les pays africains parviennent à développer un réseau ferroviaire fiable, cela stimulerait fortement l’industrialisation, renforcerait l’intégration régionale et consoliderait la position de l’Afrique dans l’économie mondiale. De plus, un réseau ferroviaire étendu et efficace pourrait devenir une base puissante pour l’unité économique et humanitaire du continent africain.