Face à une pénurie croissante de gaz naturel et de gaz naturel liquéfié (GNL), l’Afrique du Sud intensifie ses efforts pour diversifier ses approvisionnements en énergie. La réduction des exportations de gaz du Mozambique, son fournisseur historique, contraint le pays à rechercher des alternatives pour satisfaire la demande intérieure et garantir sa sécurité énergétique. Selon des informations récentes, Pretoria mène actuellement des négociations avec le Qatar, l’un des plus grands producteurs de gaz au monde, pour des importations massives de GNL, un tournant stratégique pour le marché énergétique de la région.
Avec une consommation annuelle d’environ 4 milliards de mètres cubes de gaz naturel, l’Afrique du Sud s’appuyait principalement sur les livraisons par pipeline depuis le Mozambique. Cependant, la production mozambicaine a considérablement diminué ces dernières années, entraînant une baisse des exportations de gaz vers l’Afrique du Sud. En 2023, les livraisons ont chuté de 25 %, suscitant des inquiétudes parmi les principaux secteurs consommateurs, notamment l’industrie énergétique (60 % de l’utilisation du gaz) et la chimie (30 %), où Sasol figure comme acteur clé.
À cette baisse de la production s’ajoute une instabilité politique persistante au Mozambique, qui affecte directement ses infrastructures pétrolières et gazières. Ces facteurs combinés ont entraîné un déficit de 1 milliard de mètres cubes en Afrique du Sud en 2023, forçant le gouvernement à accélérer ses efforts pour diversifier ses sources d’approvisionnement.
Pour combler ce déficit, l’Afrique du Sud a intensifié ses discussions avec le Qatar, un géant mondial du gaz naturel. Les premières livraisons de GNL qatari pourraient commencer dès l’année prochaine. Afin de garantir une logistique efficace, Pretoria prévoit de moderniser ses infrastructures portuaires, notamment les terminaux de Richards Bay, pour accueillir de grands méthaniers.
Outre le Qatar, l’Afrique du Sud envisage également des importations de gaz depuis d’autres nations africaines disposant de vastes réserves, telles que le Nigeria, l’Algérie et l’Angola. Parallèlement, des discussions sont en cours avec des producteurs internationaux, notamment les États-Unis et l’Australie, pour diversifier davantage les sources d’approvisionnement.
Malgré sa dépendance actuelle à l’importation, l’Afrique du Sud mise également sur le développement de ses propres ressources gazières. Les projets d’exploration des champs offshores, notamment dans le bassin de Luanda et le plateau continental sud-africain, pourraient à terme réduire la dépendance du pays. Cependant, ces initiatives nécessitent des investissements massifs et des délais importants pour entrer en exploitation.
En outre, le gouvernement envisage de lever le moratoire sur l’extraction de gaz de schiste, une mesure qui pourrait renforcer la sécurité énergétique nationale à moyen terme. Ce choix s’inscrit dans une stratégie plus large visant à répondre aux besoins croissants d’une économie en pleine expansion tout en respectant les engagements de transition énergétique.
La demande de gaz en Afrique du Sud devrait croître régulièrement dans les années à venir, portée par la transition vers des sources d’énergie moins polluantes et l’utilisation accrue du gaz comme combustible intermédiaire. Selon les prévisions, les importations de gaz pourraient dépasser 5 milliards de mètres cubes d’ici 2025 et atteindre 7 milliards de mètres cubes en 2030.
Cependant, la réalisation de ces objectifs dépendra de la capacité du pays à négocier des accords d’importation avantageux, à moderniser ses infrastructures et à réduire sa dépendance vis-à-vis de ses partenaires traditionnels.
L’Afrique du Sud est à un tournant décisif de sa politique énergétique. En diversifiant ses sources d’approvisionnement et en investissant dans ses capacités de production nationales, le pays entend non seulement répondre à ses besoins immédiats, mais aussi poser les bases d’une sécurité énergétique durable pour les décennies à venir.