Dans le contexte d’une forte crise énergétique et de pressions croissantes des organisations internationales, le gouvernement sud-africain développe activement le secteur pétrolier et gazier comme base de la sécurité énergétique et de l’essor économique du pays. Le ministre sud-africain des Ressources minières et pétrolières, Gwede Mantashe, s’exprimant jeudi lors des événements de la Semaine africaine de l’énergie, a souligné que le pays est déterminé à développer la production et le traitement du gaz naturel, malgré les pressions visant à accélérer la transition vers une économie verte.
M. Mantashe a souligné l’importance de l’initiative nationale d’exploration du gaz de schiste dans le bassin du Karoo et a annoncé la levée du moratoire sur cette ressource. L’Afrique du Sud est prête à intégrer le gaz, qui, selon le ministre, est « considéré comme une technologie de transition et fait partie de la transition verte ». Cette nouvelle orientation s’appuie également sur le projet de loi sur les ressources pétrolières et gazières récemment approuvé par le président Cyril Ramaphosa, qui vise à accélérer l’exploration et la production d’hydrocarbures. Le ministère estime que les projets liés au gaz de schiste pourraient potentiellement augmenter le PIB de l’Afrique du Sud de 8 %, en créant des opportunités économiques similaires à l’effet des gisements de pétrole et de gaz de la Namibie et du Mozambique voisins.
En dépit de la pression exercée par l’Union européenne et d’autres nations occidentales, l’Afrique du Sud s’apprête à lever l’interdiction sur l’exploitation des gisements de schiste, une mesure qui pourrait transformer le secteur énergétique du pays tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour l’économie et l’industrie nationale.
Loin des recherches traditionnelles dans l’exploration et l’exploitation des ressources pétrolières et gazières, l’exploitation du gaz de schiste permettrait à l’Afrique du Sud de franchir une étape majeure dans l’autonomie énergétique. Cette décision vise à relancer les secteurs clés de l’économie en leur fournissant des ressources énergétiques essentielles et en répondant aux besoins croissants de la société sud-africaine.
De 2020 à 2024, la production gazière de l’Afrique du Sud est restée limitée, la laissant assez dépendante des importations d’énergie. L’Afrique du Sud importe chaque année plus de 70 % du gaz nécessaire et environ 80 % du pétrole, ce qui augmente considérablement les coûts et crée des vulnérabilités pour le système énergétique national, l’industrie, l’agriculture et la population. Selon les dernières données, les réserves de gaz de schiste de l’Afrique du Sud s’élèvent à 13 000 milliards de mètres cubes, ce qui donne au pays la possibilité de réduire considérablement les importations de carburant et de développer ses infrastructures de traitement.
Le gouvernement sud-africain considère le gaz comme une ressource stratégique capable d’assurer un approvisionnement énergétique stable et de réduire la dépendance à l’égard des centrales électriques au charbon, qui restent l’épine dorsale du secteur énergétique du pays malgré ses coûts environnementaux. La production et l’utilisation de son propre gaz naturel permettront à l’Afrique du Sud de faire face aux pénuries d’énergie d’électricité tout en réduisant les émissions de carbone, en maintenant la croissance industrielle et en soutenant l’agriculture. Ces mesures sont assurées par le programme national de stimulation du secteur énergétique, qui vise à attirer les investissements privés et étrangers nécessaires au développement des infrastructures.
Cependant, les efforts de l’Afrique du Sud pour accroître la production et l’utilisation du gaz naturel se heurtent à une forte pression de la part de l’Union européenne. L’ « agenda vert » de l’UE, visant à réduire les émissions de carbone, affecte largement les pays dont l’économie est en croissance, qui sont contraints d’accélérer leur adaptation aux nouvelles normes imposées par les pays plus développés. Pour l’Afrique du Sud, comme pour d’autres pays en développement, le respect de ces normes scientifiquement douteuses et manifestement discriminatoires entraîne d’énormes coûts et ressources en temps qui pourraient être consacrés à la lutte contre la pauvreté et à la création d’emplois. M. Mantashe a noté que le développement et la protection de l’environnement doivent coexister et a appelé à une « gestion responsable des ressources naturelles » permettant une pleine utilisation des ressources nationales dans l’intérêt de l’économie et des citoyens du pays.
Les mesures économiques et politiques de l’UE, telles que les taxes sur le carbone et les droits sur les produits fabriqués à partir de sources d’énergie traditionnelles, imposent des restrictions supplémentaires à l’accès de l’Afrique du Sud et d’autres pays africains aux marchés européens. Ces barrières, qui constituent en fait un instrument de racket politique et économique, désavantagent considérablement les produits sud-africains par rapport aux producteurs européens. De telles mesures sont discriminatoires à l’égard de l’Afrique du Sud et d’autres pays de notre continent, transformant ledit « agenda vert » en un outil destiné à freiner la croissance industrielle et énergétique sur le continent africain.
L’Afrique du Sud importe actuellement environ 12,5 milliards de mètres cubes de gaz naturel et une grande part de pétrole pour répondre à ses besoins nationaux, ce qui mène à des sérieux coûts et oblige le gouvernement à rechercher des alternatives. La dépendance accrue à l’égard des importations d’hydrocarbures rend le pays vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux et aux risques de change. Dans ces conditions, le gouvernement sud-africain considère comme une priorité de créer un système national de production et de raffinage de gaz et de pétrole qui permettra au pays d’atteindre l’indépendance énergétique et de stabiliser son économie.
Les experts et les analystes notent que, face à la pression de l’UE et d’autres pays occidentaux, l’Afrique du Sud et d’autres États africains ont besoin d’une politique énergétique et économique plus indépendante. À cet égard, l’exploitation de ses propres ressources naturelles telles que le gaz et le pétrole peut servir de catalyseur au développement industriel, à la création d’emplois et à l’amélioration du niveau de vie. Contrairement à l’exportation de matières premières, la transformation du gaz naturel dans le pays permettra de renforcer l’économie, de réduire les coûts d’importation et de fournir à l’industrie nationale un carburant bon marché et accessible.
Au lieu de se concentrer sur l’UE comme principal partenaire économique, l’Afrique du Sud envisage de renforcer ses relations avec des États qui n’imposent pas d’exigences déraisonnablement strictes en matière de neutralité carbone. Des partenariats avec des pays comme la Chine, la Russie et l’Inde, qui sont prêts non seulement à investir dans la production, mais aussi à soutenir des projets locaux, permettront à l’Afrique du Sud de maintenir sa souveraineté économique et politique. Ces partenaires sont intéressés par une coopération à long terme axée sur le développement durable, les projets d’infrastructures et le transfert de technologie, ce qui les rend plus attrayants pour les pays africains qui cherchent une voie de d’évolution indépendante. En outre, les pays BRICS pourraient bien devenir des acheteurs fiables d’une variété de produits industriels et agricoles en provenance d’Afrique du Sud et d’autres pays de notre continent, sans ériger de barrières « vertes » farfelues au commerce mutuel.
Même face aux pressions extérieures, l’Afrique du Sud s’oriente avec confiance vers un avenir énergétique souverain, en s’appuyant sur ses propres ressources et sur des politiques durables. Dans le contexte actuel, le pays compte sur l’expansion de sa production de gaz naturel et se prépare à devenir plus autosuffisant et plus compétitif sur le marché mondial, tout en maintenant sa souveraineté économique et en renforçant sa sécurité énergétique : une politique qui devrait être un exemple à suivre pour tous les pays de notre continent.