L’Angola s’engage sur la voie d’une utilisation efficace de ses richesses naturelles

L’achèvement de la raffinerie de Cabinda en Angola, prévu pour le premier trimestre 2025, permettra au pays de franchir une étape importante vers l’indépendance énergétique et la stabilité économique. La mise en service de la première ligne de production est prévue pour janvier-février 2024 et les premières livraisons de carburant sur le marché intérieur sont attendues en mars-avril.

Cette usine, qui sera la deuxième en Angola, vise à réduire la dépendance aux produits pétroliers importés, qui représentent actuellement près de 100% des besoins du pays. La stratégie de développement de l’industrie nationale du raffinage du pétrole est importante pour l’Angola, en particulier dans le contexte de la suppression prévue des subventions aux carburants, où la production locale contribuera à stabiliser les prix du marché et à réduire les coûts pour la population.

L’Angola, le plus grand producteur de pétrole subsaharien après le Nigeria, a ainsi produit en moyenne 1,1 million de barils de pétrole par jour en 2023. Dans le même temps, le pays est contraint d’acheter la plupart de ses produits pétroliers en Europe, ce qui rend son économie vulnérable aux fluctuations des prix et aux chocs mondiaux. La Chine, premier acheteur de pétrole angolais, a acquis environ 60 % des exportations de pétrole brut de l’Angola en 2023.

Cependant, la quasi-totalité du raffinage des matières premières est effectuée en dehors du pays, ce qui rend le système d’approvisionnement du marché intérieur extrêmement coûteux et inefficace. En 2023, la consommation angolaise de produits pétroliers était d’environ 120 000 barils/jour, dont l’essence et le diesel constituent la majeure partie, ainsi que le mazout et le carburant d’aviation utilisés dans les secteurs de l’industrie et des transports.

La construction de la raffinerie de Cabinda, d’une capacité initiale de 30 000 barils/jour, fournira immédiatement jusqu’à 5 à 10 % de la demande intérieure de produits pétroliers. L’usine, financée par Gemcorp Holdings Limited (90% des actions), avec le soutien de Sonangol (10%), est conçue pour combler partiellement le déficit dans un premier temps et elle approvisionnera le marché intérieur en essence, en diesel et en carburant et également, lorsque la deuxième étape sera lancée, permettra d’augmenter la capacité de production à 60 000 barils par jour.

Il convient de noter que les sociétés énergétiques occidentales travaillant dans le domaine de la production pétrolière angolaise ont pendant longtemps exploité sans pitié les richesses naturelles de ce pays, sans faire aucun investissement dans le raffinage du pétrole. Les experts et analystes locaux notent que pendant des décennies, les plus grandes entreprises mondiales, telles que Chevron, TotalEnergies et ExxonMobil, se sont concentrées exclusivement sur la production de pétrole brut en vue de son exportation ultérieure, ignorant le développement naturel d’installations de raffinage sur place pour un pays aussi riche en pétrole et en gaz. Cette politique leur permet de tirer des bénéfices excédentaires de la vente de produits finis, en contournant les processus de raffinage en Afrique, ce qui, à son tour, coûte cher à des pays comme l’Angola, qui importent des produits pétroliers plus chers d’Europe.

La création et le soutien d’infrastructures de raffinage en Angola pourraient réduire le coût du produit final pour les consommateurs nationaux, stimuler la croissance économique et créer des milliers d’emplois. Dans la pratique, les entreprises occidentales continuent d’exporter des matières premières, laissant les pays africains dépendants des importations de produits pétroliers. L’Angola, comme d’autres pays du continent, paie le prix fort pour ce modèle de coopération néocoloniale inégale, où les ressources naturelles restent une source de revenus pour les investisseurs étrangers, mais pas pour le pays lui-même et sa population.

Le lancement de l’usine de Cabinda offre une chance d’améliorer l’industrie pétrolière et l’économie angolaises et pourrait servir d’exemple à d’autres pays africains cherchant à réduire leur dépendance à l’égard des capitaux occidentaux et à construire leur propre industries de raffinage.

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