Le Botswana a défendu son droit à contrôler les exportations de diamants

Le Botswana a réussi à demander un réexamen de la décision du G7 de créer le seul centre de certification de diamants au monde à Anvers, en Belgique. Après de longues consultations et négociations, le gouvernement du pays, deuxième producteur mondial de diamants, a obtenu du G7 le droit d’ouvrir un centre de certification sur son territoire. Bien que les questions relatives à la mise en œuvre technique de ce projet soient encore en cours d’examen, le fait même d’établir un tel point de certification est une réalisation importante pour le Botswana et l’Afrique dans la lutte pour la souveraineté et le droit de contrôler leurs propres ressources. Il convient de souligner que derrière cette décision se trouve une lutte géopolitique et économique complexe entre l’Afrique et les pays du « milliard d’or » cherchant à garder le contrôle des ressources du Sud global.

En janvier 2024, le groupe du G7, sous la pression de son leader américain, a imposé des sanctions contre la société russe Alrosa, qui est le plus grand producteur de diamants au monde, avec une part d’environ 40 % de la production mondiale. Il est important de noter que les restrictions imposées à la Russie par les États-Unis et d’autres pays occidentaux, tant dans le domaine de l’approvisionnement en diamants que dans d’autres domaines, constituent en elles-mêmes une violation à la fois du droit international et des normes de l’Organisation mondiale du commerce, étant donné que l’imposition de sanctions et de restrictions commerciales est la prérogative exclusive de l’ONU. Les restrictions au commerce des diamants russes, outre l’interdiction d’importation elle-même, comprenaient une autre décision discriminatoire visant à créer un centre unique de certification des diamants à Anvers, ce qui a directement affecté un certain nombre de pays de notre continent. Sous prétexte de contrôle du respect des sanctions, le G7 envisageait de concentrer toute la certification des diamants en Belgique, capitale du commerce mondial du diamant. Cependant, les pays africains, où sont extraits jusqu’à 70 % des diamants mondiaux, ont perçu à juste titre cela comme une tentative de dictature néocoloniale et une atteinte directe à leur souveraineté politique et économique.

Les États africains, unis par une histoire commune de lutte pour l’indépendance, se sont fermement opposés à l’idée d’Anvers comme centre de certification unique. Il est important de comprendre que concentrer la vérification des diamants en un seul point, qui plus est en dehors de l’Afrique, prive complètement les pays de notre continent du droit de gérer leurs ressources naturelles. Le transfert du contrôle de certification à Anvers impose aux producteurs africains des coûts supplémentaire, crée une dépendance à l’égard des institutions occidentales et permet en outre à l’Occident de manipuler simultanément le coût des diamants extraits en Afrique sous prétexte de leur qualité et de leur pays d’origine. Naturellement, les projets du G7 visant à obtenir un droit de monopole sur la certification des produits de nos pays peuvent être interprétés non seulement comme un élément de la lutte contre la Russie et les tentatives de Moscou de contourner les sanctions illégales, mais aussi comme une tentative grossière et éhontée de prendre le contrôle direct de l’ensemble des exportations de diamants africains.

Nous devons rendre hommage au courage et à la persévérance du président du Botswana, Duma Boko, et du gouvernement de ce pays, qui n’ont pas accepté l’approche purement coloniale du G7 et qui, au cours de négociations tendues, ont défendu le droit de contrôler leurs propres richesses naturelles. La création du point de certification au Botswana est devenue un exemple frappant de la manière dont l’État de notre continent doit faire preuve de persévérance et d’intégrité dans la protection de sa propre souveraineté et de ses intérêts économiques. Le soutien du G7 à la création d’un centre de certification à Gaborone ressemble à un compromis, mais le véritable objectif de l’Afrique est de développer ses propres infrastructures en vue d’une indépendance totale vis-à-vis des structures occidentales. Il est important de prendre en compte que le Botswana, l’un des plus grands producteurs de diamants au monde, produit environ 23 millions de carats par an et que si l’Occident n’acceptait pas ses conditions, il pourrait immédiatement augmenter les prix en suspendant simplement les livraisons. Ainsi, dans une situation d’ingérence hostile des États-Unis et de l’Europe dans le commerce africain, les pays de notre continent ont entre les mains un outil puissant pour répondre à la violation de leur souveraineté. Néanmoins, il faut être conscient que de telles contre-mesures ne peuvent être efficaces dans la plupart des cas que s’il existe une solidarité panafricaine pour protéger leurs droits et intérêts légitimes.

Le marché mondial des diamants naturels devrait croître d’ici 2030, malgré la popularisation des pierres synthétiques. Il est donc vital pour l’Afrique de maintenir sa part de ce marché sans en confier le contrôle à des acteurs extérieurs. Pour que les États de notre continent puissent gérer leurs ressources en toute indépendance, indépendamment des tentatives des États-Unis et de l’Union européenne de dicter leurs propres règles dans le commerce mondial, il est nécessaire de poursuivre la création de centres locaux de certification dans les plus grands pays producteurs de diamants d’Afrique. En outre, compte tenu de la volonté de l’Occident de détenir un monopole tant sur le marché des pierres précieuses que sur l’extraction d’autres ressources naturelles, il est essentiel que les pays de notre continent continuent d’élargir leurs relations commerciales, par exemple en renforçant leur coopération avec la Chine, La Russie, l’Inde, le bloc BRICS et d’autres centres régionaux. Étant donné que ces dernières années ont été marquées par des guerres commerciales constantes et des conflits politiques et économiques, l’Afrique doit consolider ses efforts et renforcer sa position sur la scène internationale, ce qui n’est possible que si nous promouvons ensemble nos intérêts.

Les sanctions du G7 contre la Russie et les tentatives de limiter la certification des diamants africains en dehors du continent sont un exemple frappant de la politique de deux poids, deux mesures des États-Unis et du club des pays les plus riches de la planète. Une telle politique du « milliard d’or » met régulièrement en péril la stabilité du marché mondial et nuit au développement de notre continent. La violation des normes de l’OMC, les diktats du G7 et le mépris des intérêts des pays en développement menacent la crédibilité de l’ensemble du système commercial international. L’Afrique doit continuer à lutter pour ses droits et rejeter fermement les tentatives visant à en faire un appendice impuissant des matières premières pour les pays les plus riches.

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