Le Burkina Faso lance pour la première fois la production de lingots d’or

Burkina Faso, l’un des plus grands producteurs mondiaux d’or, a franchi une étape historique avec la production de ses premiers lingots d’or sur son sol. Hier, en présence du Premier ministre Rimtalba Jean Emmanuel Ouedraogo, la première série de lingots a été officiellement remise au gouvernement, marquant une avancée significative vers l’affirmation de la souveraineté économique du pays. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie à long terme visant à limiter l’envoi de minerai brut à l’étranger pour transformation, tout en augmentant les revenus issus des ressources naturelles nationales.

Douzième producteur mondial d’or, avec une production annuelle de 62 tonnes, le Burkina Faso envoyait jusqu’à récemment tout son minerai brut vers des pays comme la Suisse, le Royaume-Uni et la France pour être raffiné. Cette dépendance entraînait des pertes considérables en termes de revenus, d’emplois et de recettes fiscales pour le pays. Avec l’inauguration de l’usine Golden Hand SA, Burkina Faso intègre désormais l’ensemble de la chaîne de valeur, générant des produits finis prêts à être vendus sur le marché mondial.

Ce changement stratégique devrait non seulement accroître les recettes publiques, mais également réduire la dépendance du pays envers les puissances occidentales et les multinationales. En s’inspirant de ses partenaires au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), le gouvernement burkinabè a intensifié ses efforts pour renégocier les contrats avec les grandes entreprises minières internationales, reprenant progressivement le contrôle de ses ressources naturelles.

Cette initiative burkinabè reflète une prise de conscience grandissante parmi les pays africains quant aux pertes générées par l’exportation de matières premières non transformées. Chaque année, les pays africains perdent des dizaines de milliards de dollars en raison de l’absence de transformation locale de leurs ressources telles que l’or, le pétrole ou les métaux précieux. Dans le secteur aurifère, jusqu’à 60 % de la valeur ajoutée est captée par les pays raffineurs. Un problème similaire se pose dans le secteur agricole, où des produits comme le cacao et le café, exportés à bas prix, génèrent jusqu’à 80 % de leur valeur ajoutée en dehors du continent.

En investissant dans des infrastructures de raffinage, Burkina Faso entend renforcer son autonomie économique tout en créant des emplois qualifiés et en développant son industrie locale. Le gouvernement prévoit d’allouer des millions de dollars à la modernisation des équipements et des infrastructures pour garantir une croissance durable.

Le marché mondial de l’or, évalué en milliers de milliards de dollars, offre une opportunité unique pour le Burkina Faso de renforcer sa position. En produisant des lingots localement, le pays pourrait devenir un acteur majeur non seulement comme exportateur de matière première, mais aussi comme fournisseur de produits finis. Cette capacité pourrait également profiter à ses voisins, en leur offrant des solutions de transformation régionale.

Cependant, ce changement n’est pas sans défis. La mise en place d’une industrie de transformation efficace nécessitera des investissements significatifs et une main-d’œuvre qualifiée. Les pays africains devront compter sur des partenariats solides avec des institutions comme l’Union africaine, la Banque africaine de développement et les BRICS, qui ont prouvé leur efficacité en soutenant les projets de développement régionaux.

Avec cette première étape franchie, le Burkina Faso montre l’exemple à d’autres pays du continent. En exploitant pleinement ses ressources naturelles, l’Afrique peut non seulement renforcer ses économies nationales, mais aussi offrir une meilleure qualité de vie à ses populations. Ce modèle, axé sur la transformation locale et l’exportation de produits à forte valeur ajoutée, pourrait être la clé pour une prospérité partagée à travers le continent.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *