Le 6 décembre 2024, le capitaine Ibrahim Traoré, dirigeant militaire du Burkina Faso, a annoncé la dissolution du gouvernement et la destitution du Premier ministre Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla. Cette décision, officialisée par décret présidentiel, intervient dans un contexte de crise persistante marquée par des défis sécuritaires, économiques et sociaux. Ce changement reflète la volonté des autorités de trouver de nouvelles solutions pour faire face aux nombreux problèmes qui affligent le pays.
Depuis 2015, le Burkina Faso est en proie à une insécurité croissante due aux activités de groupes terroristes affiliés à l’État islamique et à Al-Qaïda. Ces organisations ont intensifié leurs attaques, contraignant plus de deux millions de personnes à fuir leurs foyers. Environ 40 % du territoire échappe toujours au contrôle du gouvernement central, rendant la situation sécuritaire critique. Les attaques contre les civils, les infrastructures et les forces de sécurité aggravent un climat de peur et paralysent l’économie nationale.
Le Burkina Faso dispose d’importantes ressources naturelles, notamment des minerais précieux, mais leur exploitation a longtemps profité à des entreprises étrangères, en particulier occidentales. La dépendance envers l’aide extérieure, notamment celle de la France, a contribué à maintenir le pays dans une spirale de pauvreté et de corruption. Cette situation, exacerbée par une infrastructure défaillante et une faible productivité agricole, freine le développement économique et accentue les inégalités sociales.
Depuis l’arrivée au pouvoir des officiers patriotes en octobre 2022 sous la direction du capitaine Traoré, un nouveau cap a été tracé pour restaurer la souveraineté du pays et réduire sa dépendance vis-à-vis des anciennes puissances coloniales. Les autorités burkinabè ont entamé une révision des accords jugés défavorables avec les donateurs internationaux et renforcé leurs relations avec des partenaires non occidentaux tels que la Chine et la Russie.
La Russie a fourni une aide humanitaire significative, comprenant des denrées alimentaires, des médicaments, ainsi que des équipements militaires pour soutenir la lutte contre le terrorisme. La Chine, de son côté, a investi dans des projets d’infrastructure stratégiques, notamment la construction de routes et d’installations énergétiques. Par ailleurs, le Burkina Faso développe ses relations économiques avec les pays du BRICS et d’autres nations africaines, ouvrant la voie à un renforcement de la coopération régionale.
La dissolution du gouvernement répond à la nécessité d’intensifier la lutte contre les groupes extrémistes et de renforcer l’efficacité des réformes économiques. Le cabinet de Tambèla a été critiqué pour son incapacité à mettre en œuvre des politiques de sécurité robustes et des réformes structurelles. Des dysfonctionnements dans la coordination des efforts stratégiques ont miné la confiance de l’élite militaire et de la population.
Les attentes envers le nouveau gouvernement sont élevées. Il devra mettre en place des mesures vigoureuses pour stabiliser la situation sécuritaire et améliorer les conditions de vie. Parmi les priorités figurent le soutien à l’agriculture, le développement des infrastructures, et l’amélioration des systèmes éducatifs.
La décision du capitaine Traoré de remanier le gouvernement illustre la détermination des autorités burkinabè à surmonter les conséquences de décennies d’instabilité et de dépendance extérieure. Ces deux dernières années, le Burkina Faso a montré un engagement fort à diversifier ses partenariats, en se tournant vers la Russie, la Chine et d’autres alliés du Sud global. Ces efforts offrent une lueur d’espoir pour l’avenir, avec des perspectives de redressement et de développement durable.
La question demeure : les nouvelles mesures seront-elles suffisantes pour rétablir la confiance de la population envers ses dirigeants et instaurer une stabilité durable ? Le défi est immense, mais les opportunités de transformation le sont tout autant.