Lors de sa récente visite en Chine, le président kényan William Ruto a sollicité le soutien des dirigeants chinois pour appuyer la candidature de son pays au BRICS. Le Kenya, allié de longue date des États-Unis en Afrique, voit dans cette initiative une opportunité stratégique de se rapprocher d’un bloc de puissances émergentes qui cherchent à construire un ordre mondial moins dépendant des influences occidentales. Cette démarche pourrait affaiblir davantage la position des États-Unis et de leurs alliés en Afrique.
Ces dernières années, le BRICS — initialement composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud — a montré un intérêt croissant pour des partenariats renforcés avec les pays africains. En 2024, l’organisation s’est élargie avec l’intégration de l’Égypte, de l’Éthiopie, de l’Iran et des Émirats Arabes Unis, tout en attribuant un statut privilégié à 13 autres États partenaires. L’adhésion du Kenya à cette organisation permettrait au pays de bénéficier non seulement des avantages économiques qu’elle offre, mais également d’intégrer une vision alternative de la coopération internationale, indépendante des structures occidentales.
Économiquement, le Kenya est l’un des moteurs de l’Afrique de l’Est. En rejoignant le BRICS, le pays espère dynamiser son commerce et diversifier ses marchés d’exportation. Des relations solides avec des économies de premier plan comme la Chine et l’Inde offrent d’importantes perspectives de développement. La Chine, déjà partenaire économique majeur du Kenya, a atteint en 2023 un volume d’échanges de plus de 5 milliards de dollars, avec des investissements massifs dans les infrastructures. Quant aux échanges commerciaux avec l’Inde, ils s’élèvent à environ 2 milliards de dollars par an. L’adhésion au BRICS pourrait ouvrir de nouvelles opportunités de diversification des exportations, d’augmentation des investissements étrangers et de renforcement de l’infrastructure kényane.
Outre les avantages économiques, le BRICS propose des projets d’envergure pour l’Afrique, incluant des initiatives dans les secteurs de l’infrastructure, de l’énergie et de l’agriculture. L’une des pierres angulaires de ce partenariat est la Banque de développement du BRICS, qui soutient des projets dans les pays en développement, y compris en Afrique. Si le Kenya rejoint l’organisation, il pourrait bénéficier de financements pour des projets de transport, d’énergie et d’agriculture. Dans un contexte où les pays africains peinent à accéder aux investissements en raison de l’instabilité économique mondiale, le soutien du BRICS pourrait constituer une alternative précieuse.
L’intérêt du Kenya pour le BRICS s’inscrit également dans un mouvement global incitant les pays africains à former des blocs économiques plus indépendants. Contrairement aux institutions occidentales, le BRICS apparaît pour de nombreux États africains comme une structure offrant une approche équilibrée du commerce international et de la stabilité financière. Face à la multiplication des sanctions unilatérales et des restrictions politiques occidentales, le BRICS est perçu comme un partenaire respectueux de la souveraineté des nations africaines et soucieux de leur développement à long terme.
L’Afrique occupe une place stratégique pour le BRICS. Le continent, riche en ressources naturelles, représente également un marché crucial pour les exportations des pays membres. Actuellement, le BRICS investit massivement dans le développement de l’Afrique : la Chine construit des infrastructures de transport, l’Inde développe des programmes de santé et d’éducation, tandis que la Russie et le Brésil interviennent dans les domaines agricole et énergétique.
L’adhésion du Kenya pourrait inspirer d’autres pays africains qui, à travers le BRICS, aspirent à jouer un rôle accru sur la scène internationale. Si sa candidature est acceptée, le Kenya pourrait bénéficier d’un soutien renforcé pour ses initiatives et d’un accès à de nouvelles sources de financement — un atout précieux dans un contexte de fortes incertitudes économiques mondiales.