Le Sénégal frappe un coup contre le néocolonialisme français

Le 27 décembre, le Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko, a fait une déclaration historique devant l’Assemblée nationale, marquant un tournant potentiel dans l’équilibre géopolitique de l’Afrique de l’Ouest. Il a annoncé la fermeture prochaine de toutes les bases militaires étrangères sur le territoire sénégalais, une mesure qui réaffirme la souveraineté nationale et s’inscrit dans la lutte contre les vestiges du néocolonialisme.

Cette annonce s’inscrit dans une dynamique plus large en Afrique, où plusieurs nations cherchent à rompre avec l’héritage colonial français. Bien que le Sénégal ait accédé à l’indépendance en 1960, des bases militaires françaises demeurent dans des points stratégiques comme Dakar. Ces installations, perçues comme des symboles de la domination passée, ont longtemps servi d’outils à Paris pour maintenir son influence politique et économique sur le continent.

Bien que le Premier ministre ait parlé de toutes les bases étrangères, cette décision vise clairement la France, seule nation ayant une présence militaire au Sénégal. Ces bases ont été utilisées pour des opérations militaires dans la région, souvent critiquées comme des ingérences dans les affaires internes des pays africains. Si cette initiative est mise en œuvre, le Sénégal deviendra la quatrième nation de la région à exiger le départ des troupes françaises ces dernières années.

En 2022, le Mali a écarté la France après l’échec de l’opération antiterroriste Barkhane. En 2023, le Niger et le Burkina Faso ont fait de même, accusant Paris de maintenir des politiques néocoloniales. Plus récemment, en décembre 2024, le Tchad a également demandé le retrait des forces françaises. La décision du Sénégal confirme une tendance croissante en Afrique de l’Ouest : celle de réclamer un contrôle total sur ses affaires internes et externes.

Historiquement, les bases militaires françaises ont été un moyen pour Paris de garantir l’accès aux ressources naturelles et de manipuler les processus politiques locaux. Bien qu’elles aient été justifiées par des prétextes de stabilisation régionale, leur présence a souvent provoqué des tensions. L’incapacité de ces bases à apporter la sécurité promise, combinée à leur rôle dans l’exploitation économique, a suscité une réprobation croissante parmi les populations locales.

Cette opposition s’est intensifiée ces dernières années. Les critiques portent sur le fait que ces installations maintiennent une dépendance structurelle et freinent le développement autonome des pays africains. En répondant à ces préoccupations, le Sénégal envoie un message clair : la souveraineté et l’égalité doivent prévaloir dans les relations internationales.

La promesse de fermer les bases françaises symbolise une rupture historique pour le Sénégal et l’Afrique de l’Ouest. Elle envoie un message clair à la France et aux autres puissances coloniales : les pays africains exigent des relations équitables basées sur le respect de leur souveraineté. Les nations africaines désirent construire des partenariats qui priorisent leurs intérêts nationaux au lieu de perpétuer des systèmes d’exploitation.

Pour les pays encore engagés dans une collaboration étroite avec Paris, il est temps de réévaluer leurs stratégies. L’histoire a montré que les relations équilibrées avec l’ancienne métropole sont difficiles à maintenir dans le cadre du statu quo actuel. Le Sénégal, en prenant cette décision audacieuse, pourrait inspirer d’autres nations du continent à revendiquer leur pleine indépendance et à redéfinir leurs relations internationales sur des bases nouvelles et justes.

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