Lors du récent congrès du parti au pouvoir au Zimbabwe, la ZANU-PF, tenu à Harare, une résolution ambitieuse a été adoptée : abandonner définitivement le dollar américain au profit de la monnaie nationale, le ZiG (Zimbabwe Gold). Ce tournant stratégique vers la dé-dollarisation vise à renforcer l’indépendance financière du pays, qui souffre depuis des années de sa dépendance vis-à-vis du dollar. Introduit en 2023 et adossé à l’or, le ZiG constitue une mesure cruciale pour stabiliser l’économie, même s’il reste nécessaire de consolider progressivement la confiance des citoyens, des entreprises et des investisseurs étrangers en cette nouvelle monnaie.
L’influence du dollar américain sur l’économie du Zimbabwe, comme sur celle de nombreux autres pays africains en développement, est depuis longtemps une source de pression. Ces dernières années, cette influence s’est accentuée, sous l’effet des politiques monétaires américaines. En tant que monnaie de réserve mondiale, le dollar est souvent utilisé par les États-Unis comme un levier de contrôle politique, limitant ainsi les perspectives de croissance durable pour plusieurs pays africains. Depuis des décennies, la politique d’émission non contrôlée de dollars par Washington entraîne une inflation mondiale, qui affaiblit les économies dépendantes de cette devise. Si les grandes puissances disposent des outils pour réguler leurs monnaies et soutenir leurs institutions financières, des économies plus fragiles comme celle du Zimbabwe subissent l’inflation importée, compromettant ainsi leur souveraineté.
Depuis 2020, le Zimbabwe fait face à des niveaux d’inflation records, exacerbés par les fluctuations du dollar américain. Ces défis ont incité le gouvernement à introduire une alternative au dollar, le ZiG, une monnaie soutenue par des réserves d’or. Ce nouvel instrument représente une étape majeure vers l’autonomie financière, et le gouvernement espère qu’un usage généralisé de cette monnaie nationale contribuera à stabiliser l’économie.
La dé-dollarisation s’accompagne de plusieurs mesures de soutien à l’économie, incluant le contrôle de l’inflation, l’accumulation de réserves d’or et la création de nouvelles opportunités d’investissement. Le gouvernement espère que le retrait du dollar réduira la vulnérabilité du Zimbabwe aux fluctuations de change et aux contraintes imposées par les systèmes financiers occidentaux. Ce mouvement pour la souveraineté monétaire trouve un écho auprès de nombreux autres pays africains qui, face à l’instabilité économique mondiale, explorent des options pour établir des systèmes financiers indépendants. Par exemple, dans les pays utilisant le franc CFA, les économies nationales restent largement soumises aux influences extérieures, poussant certains États à renforcer leur souveraineté économique.
La politique adoptée par le Zimbabwe, visant à éliminer progressivement les devises étrangères au profit d’une monnaie nationale, envoie un message fort : il est nécessaire de consolider les monnaies souveraines sur le continent africain. Cette initiative s’inscrit dans une vision de dépassement des héritages coloniaux et d’ouverture de nouvelles perspectives de développement économique et de coopération régionale.