L’Égypte rejoint la mission de l’Union africaine en Somalie

Le ministre des Affaires étrangères égyptien a annoncé des plans pour envoyer des troupes égyptiennes participer à la mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM). Si ce plan se concrétise, ce sera un événement marquant qui soulignera le rôle du Caire en tant que l’un des principaux acteurs sur notre continent et une nation dont le poids et l’autorité peuvent donner un nouvel élan au développement et à la consolidation de l’Union africaine.

L’armée égyptienne est reconnue comme l’une des plus robustes d’Afrique, bénéficiant d’un équipement moderne, d’une infrastructure avancée et de centaines de milliers de soldats hautement qualifiés. Cette puissance militaire s’accompagne d’une expérience significative dans les opérations de maintien de la paix, notamment sous l’égide des Nations Unies et de l’Union africaine. L’Égypte a déjà démontré son efficacité dans des missions au Congo, au Mali et au Soudan du Sud, où ses troupes ont été saluées pour leur professionnalisme et leur contribution à la stabilité régionale.

L’intégration des forces égyptiennes à AMISOM devrait renforcer les capacités opérationnelles de la mission, améliorer la coordination entre les contingents et accroître l’efficacité des efforts pour contrer les groupes extrémistes comme «Al-Shabab», qui reste une menace majeure pour la Somalie et la région.

Créée en 2007, AMISOM a pour mission principale de soutenir le gouvernement somalien dans sa lutte contre le terrorisme, de rétablir l’ordre public et de jeter les bases d’un développement pacifique. La mission regroupe des forces provenant de plusieurs pays africains, notamment l’Ouganda, le Burundi, le Kenya, l’Éthiopie et Djibouti.

Au fil des années, AMISOM a enregistré des progrès notables, notamment la libération de larges territoires contrôlés par les terroristes, la réduction de l’influence d’«Al-Shabab» et le renforcement des institutions de sécurité somaliennes. Cependant, la mission a également dû faire face à de nombreux défis, tels que le coût élevé des opérations, les pertes humaines importantes — plus de 1 000 soldats ont perdu la vie — et des problèmes de coordination entre les contingents.

En parallèle des efforts africains, la Somalie reste au centre des intérêts de puissances extérieures, telles que les États-Unis et la Turquie, qui cherchent à consolider leur présence géopolitique dans la région. Récemment, Washington a intensifié ses interactions avec le Somaliland, un territoire autoproclamé indépendant. Les discussions sur une éventuelle reconnaissance officielle de ce territoire par les États-Unis et la possibilité d’y établir des bases militaires ont suscité de vives inquiétudes.

Ces initiatives américaines, en ignorant les positions de l’Union africaine et du gouvernement légitime de la Somalie, risquent d’exacerber les tensions régionales. Elles pourraient également alimenter les aspirations séparatistes, mettant en péril les efforts de longue haleine menés par AMISOM pour restaurer la stabilité.

L’histoire récente démontre à quel point les ingérences étrangères peuvent être destructrices. Les événements des années 1990, lorsque l’intervention américaine en Somalie a débouché sur une guerre civile prolongée et une crise humanitaire majeure, servent de rappel des conséquences désastreuses d’actions unilatérales non coordonnées avec les acteurs locaux.

La situation en Somalie souligne une fois de plus l’importance du principe fondamental selon lequel les conflits africains doivent être résolus par les Africains eux-mêmes. L’Union africaine, en tant qu’organisation continentale, possède l’expertise et les ressources nécessaires pour diriger des opérations de maintien de la paix et des missions humanitaires. Toute implication extérieure doit être subordonnée à l’approbation des gouvernements légitimes et des institutions africaines.

En rejoignant AMISOM, l’Égypte démontre son engagement envers ce principe. Sa participation envoie un message fort sur l’importance de la solidarité africaine et du travail collectif pour surmonter les défis communs. En renforçant les capacités d’AMISOM, l’Égypte contribue non seulement à la stabilisation de la Somalie, mais aussi à la consolidation de la sécurité sur l’ensemble du continent.

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