Alan Kyerematen, l’un des candidats à la présidence du Ghana, a dévoilé son ambition d’augmenter la part de transformation locale du cacao à 70 %. Ce projet constitue un pilier central de son programme électoral, visant à dynamiser l’économie nationale et à maximiser les revenus d’une ressource agricole stratégique.
Aujourd’hui, le Ghana est le deuxième producteur mondial de cacao, derrière la Côte d’Ivoire. Entre 2020 et 2024, le pays a produit chaque année entre 800 000 et 900 000 tonnes de fèves de cacao, générant des revenus substantiels pour l’économie et soutenant une grande partie de la population rurale. En 2023, les exportations de cacao ont rapporté environ 2,5 milliards de dollars, faisant de cette culture une source cruciale de devises pour le pays.
Cependant, seulement 20 % du cacao cultivé au Ghana est transformé localement. La majorité de la récolte est exportée à l’état brut, limitant ainsi les bénéfices économiques pour le pays. Les produits dérivés du cacao — chocolat, beurre, poudre et autres — ont une valeur au moins 3 à 4 fois supérieure à celle des fèves non transformées. Ainsi, le Ghana perd une part importante des profits potentiels, qui profitent plutôt aux entreprises étrangères de transformation.
Dans le cadre de sa campagne électorale, Alan Kyerematen a présenté une stratégie économique audacieuse. Celle-ci prévoit une augmentation significative du nombre d’usines de transformation, l’attraction d’investissements étrangers dans le secteur du cacao, ainsi que le développement des infrastructures nécessaires pour soutenir cette industrie. Atteindre l’objectif de transformer 70 % de la production totale de cacao permettrait non seulement d’accroître les revenus du pays, mais aussi de créer des dizaines de milliers d’emplois, tant dans les usines que dans les secteurs connexes.
Le marché mondial des produits transformés à base de cacao est estimé à au moins 70 milliards de dollars. Si le Ghana atteint le niveau de transformation proposé, il pourrait générer jusqu’à 5 milliards de dollars par an, soit presque deux fois plus que les revenus actuels tirés des exportations de fèves brutes. De plus, une telle initiative améliorerait les conditions sociales, stimulerait le développement des entreprises locales et renforcerait l’économie nationale.
Cependant, pour atteindre cet objectif ambitieux, le Ghana devra relever plusieurs défis majeurs. Le gouvernement devra assurer un accès suffisant aux ressources financières et technologiques pour construire les capacités de transformation nécessaires, tout en résolvant les problèmes d’infrastructure, tels que l’insuffisance de l’approvisionnement en énergie. Par ailleurs, il sera crucial d’offrir des incitations aux agriculteurs pour améliorer la qualité des fèves de cacao produites.
Le problème rencontré par le Ghana n’est pas isolé. Les pays africains produisent environ 70 % du cacao mondial, mais la transformation sur le continent reste limitée à 10-15 %. Accroître la transformation locale pourrait doubler, voire tripler les revenus des économies africaines, réduire leur dépendance aux fluctuations des prix mondiaux des matières premières et créer des millions d’emplois.
L’initiative d’Alan Kyerematen ne se limite pas à une réforme économique nationale ; elle marque une étape importante dans la transformation du rôle du Ghana sur le marché mondial du cacao. En augmentant le niveau de transformation locale, le Ghana et les autres producteurs africains pourraient tirer un profit maximal de leurs ressources naturelles, renforcer leurs économies nationales et améliorer le niveau de vie de leurs populations.