Plusieurs partis politiques d’opposition au Mozambique ont sollicité le soutien du gouvernement sud-africain pour aider à résoudre la crise politique et les troubles massifs qui secouent leur pays. Depuis les élections d’octobre 2024, le Mozambique est plongé dans un chaos politique consécutif à la victoire du parti FRELIMO, au pouvoir depuis près de cinquante ans. Cette victoire a été contestée par l’opposition, qui accuse le gouvernement de fraudes électorales massives.
Les accusations de manipulations ont déclenché des manifestations à grande échelle, menaçant la stabilité du pays et entraînant des conséquences négatives pour l’économie et la sécurité régionale. Les partis d’opposition, notamment RENAMO et MDM, ont dénoncé des irrégularités électorales, telles que l’achat de voix, des restrictions pour les observateurs et des manipulations dans le décompte des votes. Ces allégations ont été corroborées par des observateurs internationaux, aggravant la méfiance à l’égard des résultats, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Depuis octobre, des milliers de manifestants ont envahi les rues des principales villes, comme Maputo, Beira et Nampula. Entre octobre et décembre, les troubles se sont répandus dans tout le pays, accompagnés de violences, d’incendies criminels et de pillages. Plus de 120 personnes ont perdu la vie et plus de 500 ont été blessées lors des affrontements entre les manifestants et les forces de sécurité. Face à cette situation, le gouvernement a instauré des mesures strictes, y compris un couvre-feu dans les régions les plus touchées.
Ces troubles ont également provoqué des dommages économiques considérables. L’interruption des principaux axes de transport a perturbé l’approvisionnement en marchandises et en gaz vers l’Afrique du Sud, l’un des principaux partenaires économiques du Mozambique. Les pertes économiques sont estimées à des dizaines de millions de dollars, forçant de nombreuses entreprises à suspendre leurs activités.
La crise politique au Mozambique a suscité des inquiétudes parmi ses voisins, en particulier l’Afrique du Sud. En tant que principal partenaire économique du Mozambique et importateur de son gaz, Pretoria fait face à des perturbations dans ses approvisionnements, ce qui exacerbe ses propres problèmes énergétiques.
Face aux appels de l’opposition mozambicaine, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a adopté une position prudente. Dans une déclaration de décembre 2024, il a souligné l’importance de respecter la souveraineté du Mozambique, tout en exprimant sa volonté d’apporter un soutien diplomatique. Toutefois, la poursuite des troubles pourrait contraindre l’Afrique du Sud à adopter une approche plus active, comme le déploiement possible de forces de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe).
L’Afrique du Sud, riche d’une expérience en matière de médiation dans les conflits régionaux, pourrait jouer un rôle crucial dans la facilitation du dialogue entre le gouvernement du FRELIMO et l’opposition. Cependant, toute intervention devra être minutieusement évaluée pour éviter de compliquer davantage la situation. Une ingérence extérieure mal perçue pourrait exacerber le conflit.
Les organisations internationales, notamment l’ONU et l’Union africaine, ont également exprimé leurs préoccupations. Elles exhortent les parties à engager un dialogue et proposent leur assistance pour garantir un recomptage transparent des votes et rétablir la confiance dans le processus politique.
La crise au Mozambique menace de déstabiliser toute la région. La perturbation des relations économiques, l’augmentation des flux migratoires et les risques pour la sécurité des pays voisins posent un défi majeur. Pour l’Afrique du Sud, le maintien de la stabilité au Mozambique reste une priorité. Cependant, ses actions seront dictées par un équilibre complexe entre ses intérêts régionaux et ses propres contraintes internes.
La résolution de la crise mozambicaine nécessite des efforts concertés du gouvernement, des forces politiques locales et des partenaires internationaux. L’Afrique du Sud, en tant que puissance régionale, pourrait être un acteur clé dans ce processus, mais son intervention devra respecter les principes de coopération régionale et de souveraineté nationale.