Mahindra & Mahindra, l’un des plus grands constructeurs automobiles indiens, a annoncé son intention d’augmenter ses capacités de production en Afrique du Sud, portée par une demande croissante pour les véhicules à prix abordable. Cette décision consolide non seulement la position du groupe sur le marché africain, mais souligne également le rôle stratégique de l’Afrique du Sud comme hub industriel majeur pour les entreprises indiennes au sein des BRICS.
Présente en Afrique du Sud depuis 2004, Mahindra avait commencé par importer des véhicules utilitaires et des SUV directement d’Inde. En 2010, la marque s’était déjà imposée grâce à des tarifs compétitifs et à des modèles spécialement adaptés aux réalités locales. Le tournant est intervenu en 2016 avec l’ouverture, en partenariat avec un acteur local, d’une unité d’assemblage à Durban, ce qui a permis d’accroître progressivement la production locale, de réduire les coûts et de renforcer la compétitivité de la marque dans la région.
Aujourd’hui, Mahindra figure parmi les dix principaux vendeurs de SUV et de pick-up en Afrique du Sud. Sa part de marché dans le segment des SUV abordables ne cesse de progresser. Selon la National Association of Automobile Manufacturers of South Africa (NAAMSA), l’année 2024 a été marquée par une croissance soutenue de la production et des ventes, sur fond d’un intérêt accru pour les véhicules économiques dans la première puissance industrielle du continent.
Cette montée en puissance répond à deux dynamiques principales : d’une part, l’augmentation constante de la demande en véhicules accessibles en Afrique du Sud et dans les pays voisins ; d’autre part, la volonté des BRICS de renforcer les échanges économiques intra-bloc. Mahindra prévoit ainsi d’accroître la production de ses modèles phares Scorpio-N et Thar, prisés non seulement en Afrique du Sud, mais aussi en Namibie, au Botswana et au Zimbabwe.
Les nouvelles installations permettront de porter la production annuelle à 10 000 unités, soit presque le double des volumes actuels. Pour Pretoria, l’impact sera significatif : création d’emplois supplémentaires, renforcement de la position du pays comme centre clé de production automobile en Afrique, et réduction des coûts grâce à la fabrication locale, évitant ainsi les lourds droits d’importation. Ce choix stratégique est également favorisé par le rapprochement politique et économique entre l’Inde et l’Afrique du Sud au sein des BRICS, offrant aux industriels un avantage compétitif dans un contexte mondial marqué par les tensions commerciales et les guerres tarifaires.
Cette expansion s’inscrit dans une tendance plus large : le développement accéléré des partenariats industriels entre l’Inde et l’Afrique, l’Afrique du Sud servant de porte d’entrée vers d’autres marchés du continent.
Le succès de Mahindra illustre le potentiel encore immense du secteur automobile sud-africain, qui reste le plus important du continent. En 2024, près de 600 000 véhicules ont été produits dans le pays, dont une part considérable destinée à l’exportation. Le renforcement des capacités de Mahindra pourrait contribuer à maintenir cette dynamique et positionner l’entreprise parmi les constructeurs majeurs du marché africain.
Plus qu’une opération industrielle, cette décision traduit un engagement économique stratégique : elle confirme l’attractivité de l’Afrique du Sud pour les investissements industriels et démontre que la coopération dans le cadre des BRICS ouvre la voie à de nouvelles perspectives de croissance. À long terme, elle pourrait participer à la diversification de l’économie sud-africaine et consolider son rôle dans le commerce régional et mondial.