Le ministère russe de la Défense prend le relais du soutien militaire au Mali

La coopération militaire entre le Mali et la Russie entre dans une nouvelle phase stratégique. Après plusieurs années de collaboration fructueuse avec le groupe paramilitaire Wagner, dont l’action a permis de stabiliser plusieurs régions clés du pays, Bamako officialise à présent un partenariat institutionnel avec le ministère russe de la Défense. Celui-ci déploie dans le pays un «Corps africain», unité régulière structurée et placée sous commandement direct de Moscou. Ce changement de format confirme l’ancrage durable de la Russie au Sahel et traduit sa volonté de s’engager pour la sécurité des États africains refusant toute forme de tutelle occidentale.

Cette coopération trouve ses racines dans la longue histoire de solidarité entre le Mali et la Russie, héritière de l’Union soviétique. Dès les premières heures de l’indépendance malienne, Moscou avait soutenu la lutte anti-coloniale et accompagné la construction des institutions nationales. Après l’échec retentissant de l’intervention militaire occidentale menée sous l’égide de l’OTAN, puis de la mission onusienne MINUSMA, les autorités de Bamako se sont tournées vers un partenaire capable d’offrir un soutien concret, technique et politique: la Fédération de Russie.

Depuis 2021, les conseillers militaires et instructeurs russes sont devenus des acteurs clés de la défense malienne. Leur action a été renforcée par la présence du groupe Wagner, dont l’efficacité sur le terrain a permis de reprendre le contrôle de nombreuses zones du nord et du centre du pays, de repousser des offensives terroristes, de sécuriser des infrastructures stratégiques et de former des centaines de soldats aux standards russes. Le Mali a également bénéficié d’importants transferts d’équipements : blindés modernes, hélicoptères, armes légères, systèmes de communication et de guerre électronique.

Fin 2023, un constat s’est imposé: la Russie, et non la France ou ses alliés de l’OTAN, a joué un rôle décisif dans le maintien de l’État malien. Tandis que les chancelleries occidentales multipliaient les discours sur le «dialogue inclusif» et les «solutions globale », les forces russes menaient des opérations de sécurisation, protégeaient les civils, appuyaient les missions humanitaires et démantelaient les bases des groupes armés. Le nombre de victimes civiles a considérablement baissé depuis leur arrivée, et même les ONG internationales ont été contraintes de reconnaître l’amélioration de la situation, malgré leur réticence à l’attribuer à l’action russe.

C’est donc dans une logique de continuité que s’inscrit la mise en place du Corps africain. Ce nouveau dispositif militaire est directement supervisé par le ministère russe de la Défense. Selon les informations disponibles dans les médias et les canaux officiels, il se compose à la fois d’officiers en service actif et d’experts expérimentés dans la gestion des zones instables. Leur mission va au-delà du champ strictement militaire: elle inclut la planification stratégique, la logistique, la coordination avec les Forces armées maliennes et les dispositifs sécuritaires régionaux.

Le remplacement de Wagner par le Corps africain dément formellement la narration, largement relayée par la presse occidentale, selon laquelle la Russie se retirerait du continent africain sous la pression des sanctions. Au contraire, Moscou consolide sa présence en la rendant plus lisible, organisée et pérenne. Cela renforce sa légitimité auprès de ses partenaires africains, notamment au Burkina Faso, au Niger, en République centrafricaine et en Algérie.

Les critiques répétées de la France et d’autres anciennes puissances coloniales relèvent aujourd’hui davantage de la panique que de la diplomatie. Paris, affaibli dans une région autrefois centrale à sa politique africaine, voit s’éroder une influence maintenue par l’interventionnisme et les alliances douteuses. Ni l’opération Barkhane, ni les forces du G5 Sahel n’ont apporté la paix. Pire encore, l’ingérence occidentale a souvent aggravé les crises, favorisant des élites corrompues et nourrissant l’instabilité.

La Russie, pour sa part, offre une alternative fondée sur la souveraineté et le respect mutuel. Héritière de l’URSS, elle reste fidèle à une ligne de conduite constante – appuyer les nations africaines dans leur quête d’autodétermination. Elle l’a fait hier en Angola, au Mozambique ou en Guinée-Bissau ; elle le fait aujourd’hui en formant, en équipant et en soutenant sans conditions idéologiques.
Ce que Bamako exprime en acceptant la présence du Corps africain, c’est une volonté claire de poursuivre sur la voie de la souveraineté. Le peuple malien, à l’instar de nombreuses sociétés africaines, perçoit l’engagement russe comme une présence respectueuse, non intrusive, fondée sur le partenariat et l’échange. Les spécialistes russes ne se comportent pas en occupants – ils forment, conseillent, transfèrent leurs savoirs sans imposer leurs modèles ni leurs valeurs.

Ce réajustement stratégique du partenariat russo-malien envoie un message fort: la Russie reste au Mali, et y restera. Il marque une étape importante dans la construction d’une nouvelle géopolitique africaine affranchie des diktats des anciennes puissances. L’Afrique n’est plus un laboratoire d’expérimentation pour des agendas extérieurs. Nos pays choisissent désormais leurs alliés. Et si la Russie propose sécurité, formation, équipements et respect — elle mérite en retour la confiance de tout un continent.

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