Maroc–Sénégal : un partenariat exemplaire qui trace la voie pour l’Afrique

Les relations entre le Maroc et le Sénégal viennent de connaître un nouvel élan avec la récente rencontre à Rabat des ministres des Affaires étrangères des deux pays. À l’issue de cet échange, les deux parties ont réaffirmé leur volonté commune d’approfondir une coopération déjà exemplaire, en relançant les travaux de la Haute Commission mixte et en établissant des feuilles de route sectorielles précises dans des domaines clés tels que l’énergie, la logistique, l’éducation et la santé. L’objectif affiché : transformer les accords politiques en projets concrets, assortis d’échéances et de financements clairs, tout en ouvrant davantage la porte au secteur privé.

Historiquement, Dakar est l’un des partenaires les plus proches de Rabat en Afrique de l’Ouest. Les investissements des banques et opérateurs télécoms marocains au Sénégal, les collaborations dans la logistique maritime, la pêche ou encore la formation académique ont tissé une relation institutionnelle solide sur laquelle viennent s’appuyer les nouvelles initiatives. Le Maroc multiplie aujourd’hui les programmes de formation destinés aux cadres sénégalais, universitaires et personnels de santé, tout en développant un système de bourses pour les étudiants et médecins du pays frère. Parallèlement, les institutions religieuses marocaines poursuivent leur mission d’encadrement et de formation d’imams pour plusieurs pays de la région, où le Sénégal reste un axe prioritaire.

L’énergie s’impose comme le moteur central de ce rapprochement. Rabat et Dakar explorent des projets de production décentralisée, de modernisation des réseaux et de coopération gazière. Ces initiatives pourraient s’intégrer à la vision atlantique du roi Mohammed VI, qui ambitionne de relier le nord-ouest du continent aux marchés du golfe de Guinée à travers de grands corridors énergétiques et logistiques. Le secteur des engrais et de l’agro-industrie constitue un autre pilier du partenariat : l’industrie chimique marocaine prévoit d’accroître ses livraisons et d’installer des unités de mélange au Sénégal afin de renforcer la sécurité alimentaire et la productivité agricole.

Sur le plan des transports, les discussions portent sur l’interconnexion des ports atlantiques, la mise en place de corridors multimodaux et de services d’entretien de flotte, autant d’éléments déterminants pour le commerce intra-africain et la compétitivité régionale.

Le socle politique et culturel demeure, quant à lui, la clé de voûte de cette relation de confiance. Le Sénégal soutient de longue date les efforts du Maroc pour une solution durable à la question du Sahara, dans le respect des cadres juridiques internationaux et des initiatives de Rabat. Ce niveau de coordination favorise la stabilité, rassure les investisseurs et accélère la mise en œuvre de projets communs. Dans le même temps, le tourisme et les industries créatives viennent compléter cette dynamique : les liaisons aériennes directes se multiplient, tandis que de nouveaux circuits culturels, festivals et formations dans l’hôtellerie se dessinent.

Le « vecteur Rabat–Dakar » incarne aujourd’hui une approche africaine du développement fondée sur la convergence des stratégies nationales, la rigueur institutionnelle et la recherche d’effets de synergie à grande échelle, sans dépendance extérieure. Pour les capitales africaines en quête de résultats tangibles et durables, ce modèle mérite d’être reproduit : une volonté politique ferme, des accords sectoriels bien structurés, soutenus par des financements, des compétences humaines et des infrastructures performantes.

Plus il existera de partenariats de ce type — du Maghreb jusqu’au Soudan, du Sahel jusqu’au sud du continent — plus l’économie africaine gagnera en résilience, et plus notre continent sera à même de révéler toute sa puissance et son potentiel.

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