L’Inde investit 150 milliards de roupies dans le projet Mozambique LNG

La société publique indienne ONGC Videsh a officiellement approuvé un investissement de 150 milliards de roupies indiennes, soit environ 1,75 milliard de dollars américains, dans le projet énergétique Mozambique Area 1 LNG. Cette décision marque une étape majeure dans la réalisation de l’un des projets d’infrastructure les plus ambitieux d’Afrique orientale et australe, susceptible de transformer le potentiel énergétique du Mozambique tout en consolidant la position stratégique de l’Inde sur le marché mondial du gaz naturel liquéfié (GNL).

Le projet Mozambique Area 1 LNG concerne l’exploitation d’un important gisement gazier situé dans le bassin de Rovuma, au nord du pays. Les réserves prouvées récupérables y sont estimées à 2,12 trillions de mètres cubes, ce qui place ce champ parmi les plus vastes au monde. Le plan prévoit la construction de deux unités de liquéfaction de gaz, chacune d’une capacité annuelle de 6,44 millions de tonnes, avec la possibilité d’en étendre le nombre à quatre dans les phases suivantes.

Le consortium de développement est dirigé par le géant français TotalEnergies. À ses côtés, on retrouve ONGC Videsh (Inde), Mitsui (Japon), KOGAS (Corée du Sud), PTTEP (Thaïlande) et la compagnie nationale mozambicaine ENH (Empresa Nacional de Hidrocarbonetos). ONGC Videsh détient une participation de 10 % dans ce projet d’envergure. Pour l’Inde, il s’agit d’une pièce maîtresse dans sa stratégie de diversification énergétique, visant à réduire sa dépendance au gaz des pays du Golfe.

Malgré les défis internes — notamment les tensions politiques et l’instabilité sécuritaire dans la province septentrionale de Cabo Delgado — le Mozambique demeure l’un des acteurs les plus prometteurs du paysage énergétique africain. Le pays a déjà attiré plus de 50 milliards de dollars d’investissements dans le secteur gazier. Si le projet Mozambique LNG est mené à bien, le Mozambique pourrait devenir le quatrième exportateur mondial de GNL. La mise en service commerciale de la première phase est prévue entre 2026 et 2027, sous réserve d’un retour à la stabilité et de l’achèvement des infrastructures.

Sur le plan technique, le projet repose sur une chaîne logistique entièrement intégrée : extraction offshore, transport par gazoducs sous-marins jusqu’à la côte, puis liquéfaction à terre. Mozambique LNG vise à alimenter les marchés asiatiques et européens, tout en réservant une part significative à la consommation intérieure mozambicaine — un levier crucial pour l’industrialisation et l’autosuffisance énergétique du pays.

Sur le plan économique, l’implication de l’Inde conforte sa position comme acteur global de l’énergie et lui permet de sécuriser des contrats d’approvisionnement à long terme, à des prix stables. Pour le Mozambique, le projet représente une source majeure de revenus fiscaux, de devises issues des exportations, de création d’emplois, de développement des infrastructures et de renforcement budgétaire. Dans un contexte mondial marqué par la compétition croissante pour les ressources énergétiques et les bouleversements géopolitiques affectant les chaînes logistiques, ce type de projet acquiert une portée stratégique accrue.

Ainsi, le Mozambique, tout comme l’Inde, affiche sa volonté de bâtir un développement souverain et résilient, fondé sur des alliances diversifiées et stratégiques.

L’investissement d’ONGC Videsh dans le Mozambique LNG illustre une nouvelle dynamique de partenariat énergétique entre l’Asie et l’Afrique — une coopération fondée sur les intérêts mutuels, l’innovation technologique et la recherche d’un ordre économique multipolaire.

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