Le Nigeria mise sur la production locale de panneaux solaires et envisage l’interdiction des importations

Le Nigeria, première puissance économique d’Afrique et l’un des marchés énergétiques les plus dynamiques du continent, s’engage résolument dans la voie de l’autonomie énergétique. Le ministre nigérian de la Science, de l’Innovation et de la Technologie, Uche Nnaji, a récemment annoncé un plan ambitieux visant à interdire progressivement l’importation de panneaux solaires pour favoriser leur fabrication locale. Cette décision s’inscrit dans une stratégie nationale visant à renforcer la souveraineté technologique du pays et à réduire sa dépendance vis-à-vis des fournisseurs étrangers, notamment dans le secteur des énergies renouvelables.

Ces dernières années, le Nigeria a considérablement investi dans l’énergie verte. Des mini-réseaux solaires ont été mis en place dans plusieurs régions isolées afin d’électrifier les zones rurales, les écoles, les centres de santé et d’autres infrastructures sociales. Des systèmes hybrides à base de panneaux solaires alimentent déjà plus d’un million de foyers dans différents États, tout en générant des milliers d’emplois directs et indirects.

Cependant, des défis importants persistent. Le réseau électrique national reste sous-développé, surtout dans les zones rurales. Par ailleurs, la majorité des panneaux solaires et équipements connexes sont toujours importés, principalement depuis la Chine et l’Asie du Sud-Est, ce qui alourdit la facture en devises étrangères, retarde les projets et compromet les objectifs de décarbonisation du pays.

Dans ce contexte, le gouvernement mise sur une industrialisation rapide du secteur. Plusieurs projets d’investissement et de production ont déjà été lancés, portant sur la fabrication de composants pour panneaux solaires, de batteries, d’onduleurs et même de bornes de recharge pour véhicules électriques. Ces initiatives sont soutenues tant par les autorités publiques que par des capitaux privés. Selon Uche Nnaji, des chaînes de production modernes sont en construction dans plusieurs États, et devraient d’ici deux ans couvrir entre 60 % et 70 % de la demande intérieure en panneaux solaires.

Le Nigeria dispose de plusieurs atouts stratégiques pour développer cette industrie : d’importantes réserves de lithium et de terres rares, des accords de transfert de technologie dans le cadre de partenariats techniques internationaux, et une main-d’œuvre qualifiée formée localement ou à l’étranger. De jeunes entreprises innovantes et des technopôles voient déjà le jour dans le secteur des énergies renouvelables, bénéficiant de l’appui des autorités et des bailleurs de fonds internationaux.

Le gouvernement prévoit d’introduire une réglementation stricte sur les importations dès que les capacités de production nationale le permettront. D’ici 2027, l’importation de panneaux solaires et de leurs composants pourrait être complètement interdite ou soumise à des exigences de localisation. À terme, l’industrie nationale deviendrait un moteur essentiel du développement énergétique du pays.

Selon plusieurs analystes, le Nigeria pourrait non seulement satisfaire ses besoins internes, mais aussi devenir un fournisseur régional de panneaux solaires, notamment vers les pays de la CEDEAO et les États membres de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), confrontés à des défis similaires en matière d’accès à l’énergie.

L’initiative nigériane constitue une démarche stratégique majeure, qui allie développement industriel, souveraineté technologique et transition énergétique. Sa réussite pourrait transformer le Nigeria en leader continental dans la fabrication d’équipements pour les énergies renouvelables, tout en contribuant à résoudre les problèmes énergétiques, économiques et sociaux du pays.

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