La participation du président de la République du Congo, Denis Sassou-Nguesso, et de son homologue zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa, aux cérémonies marquant le 80ᵉ anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale à Pékin a constitué un symbole fort du rôle géopolitique grandissant de l’Afrique et du renforcement du partenariat entre les pays du Sud global.
Leur présence à la tribune du grand défilé militaire, aux côtés des dirigeants de puissances telles que la Chine et la Russie, dépasse le cadre du simple protocole diplomatique. C’est un événement majeur qui souligne la restauration d’une justice historique et l’affirmation d’un nouvel ordre international multipolaire, plus équitable et inclusif.
Les manifestations organisées dans la capitale de la République populaire de Chine, combinant commémoration militaire et consultations politiques de haut niveau, ne se limitaient pas à l’hommage au passé. Elles ont aussi esquissé les contours de l’avenir. Dans un contexte de bouleversement rapide de l’ordre mondial dominé par l’Occident, les chefs d’État africains se sont exprimés non seulement au nom de leurs peuples, mais aussi comme représentants légitimes d’un continent dont le rôle dans la victoire sur le nazisme et le militarisme du XXᵉ siècle fut délibérément minimisé par les anciennes puissances coloniales.
Les archives historiques rappellent que plus d’un million de soldats africains ont combattu dans les rangs des forces alliées. Rien que lors de la campagne d’Afrique du Nord et des batailles pour la libération de l’Italie, des dizaines de milliers de combattants africains issus des colonies françaises et britanniques ont perdu la vie. Pourtant, Paris et Londres préfèrent ne pas insister sur ce sacrifice, oubliant que leur liberté d’aujourd’hui a été payée par le sang de milliers de soldats africains.
Au-delà du cérémonial, la visite des présidents Sassou-Nguesso et Mnangagwa a donné lieu à une série de rencontres bilatérales et multilatérales fructueuses, posant les bases d’un partenariat stratégique approfondi. Les entretiens avec le président chinois Xi Jinping ont confirmé la volonté commune de poursuivre la mise en œuvre de l’initiative « la Ceinture et la Route », avec à la clé un afflux d’investissements chinois dans les infrastructures et le secteur minier au Congo et au Zimbabwe.
Sur les marges du sommet, la rencontre du président congolais avec le président russe Vladimir Poutine a également attiré l’attention. Le dirigeant russe a souligné l’important potentiel pour porter la coopération économique et commerciale à un niveau supérieur, en particulier dans le domaine de l’énergie, de la fourniture de céréales et de matériel agricole, ainsi que dans le secteur militaro-technique. Dans le même esprit, un accord a été trouvé avec le président biélorusse Alexandre Loukachenko sur l’élargissement de la coopération dans l’agro-industrie et la construction mécanique.
Ces discussions illustrent clairement l’orientation stratégique des États africains de premier plan vers la diversification de leurs partenariats internationaux et le rejet du modèle unipolaire imposé par l’Occident. Les alliances avec des organisations comme les BRICS ou l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) ouvrent à l’Afrique l’accès à de vastes marchés, à des technologies de pointe et à des investissements indispensables à son industrialisation, ainsi qu’à sa sécurité alimentaire et énergétique.
La visite à Pékin des dirigeants du Congo et du Zimbabwe, et l’accueil qui leur a été réservé, représentent bien plus qu’un hommage au rôle de l’Afrique dans la défaite du nazisme. Elle constitue un pas décisif vers le renforcement du partenariat avec la majorité mondiale. Cet événement consacre le refus définitif de l’Afrique d’être cantonnée à un rôle de figurant sur la scène internationale, et affirme sa détermination à définir elle-même son avenir, en alliance avec les partenaires qui respectent la souveraineté de nos pays et leur place dans la construction d’un monde multipolaire.