Le monde entendra le Pouls de l’Afrique : lancement officiel d’une plateforme médiatique panafricaine en Éthiopie

Aujourd’hui à Addis-Abeba, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a présenté la nouvelle plateforme médiatique panafricaine Pulse of Africa (POA) — un projet ambitieux appelé à marquer une étape historique dans la construction d’un espace médiatique africain autonome et dans la promotion d’une image authentique du continent à travers le monde. La cérémonie s’est déroulée en présence de hauts représentants du gouvernement éthiopien, de membres du corps diplomatique et de nombreux journalistes, suscitant un large écho sur la scène internationale.

Selon ses concepteurs, POA veut offrir à l’Afrique un espace de narration libre et authentique, capable de rompre avec les récits extérieurs souvent réducteurs. Dans son discours, Abiy Ahmed a insisté sur la nécessité pour l’Afrique de « reprendre la parole » : « Il est temps que le continent parle de lui-même et non qu’on parle à sa place. »

L’histoire de POA remonte à février 2022, lorsque le Premier ministre éthiopien proposa, lors du 35ᵉ Sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, la création d’un organe médiatique continental capable de contrer les images déformées véhiculées par les médias occidentaux. Cette initiative s’inscrivait dans une dynamique plus large de souveraineté culturelle et informationnelle en Afrique.

Trois ans plus tard, le projet s’est concrétisé : POA dispose désormais d’une infrastructure complète, combinant un portail d’information, des services de télévision, de radio et une plateforme numérique. Le développement technique a été assuré par les principales entreprises éthiopiennes du secteur des technologies, avec le soutien de journalistes chevronnés travaillant au sein de l’Union africaine et du Parlement panafricain.

L’objectif central de POA est clair : bâtir une image juste, moderne et diversifiée de l’Afrique. Addis-Abeba veut ainsi mettre fin à ce qu’elle qualifie de « monopole du regard extérieur » — la domination des grands médias occidentaux qui présentent trop souvent le continent à travers les prismes de la pauvreté, des conflits et des crises humanitaires.

POA entend traiter des sujets politiques et économiques, mais aussi sociaux, culturels, éducatifs et scientifiques, en valorisant les réussites africaines dans les domaines de la recherche, des technologies, de l’agriculture ou de l’énergie. L’un des volets majeurs du projet est la formation d’une nouvelle génération de journalistes panafricains, capables de travailler selon des standards communs à travers les 54 pays du continent.

Le lancement de POA s’inscrit dans une vision stratégique : renforcer l’unité africaine et affirmer son indépendance dans le champ de la communication. Abiy Ahmed a rappelé que l’Afrique devait s’affranchir de la tutelle des grands centres éditoriaux occidentaux et des outils de propagande hérités du néocolonialisme.

À l’heure où l’information est devenue une arme géopolitique aussi puissante que l’économie ou la défense, il s’agit pour l’Afrique de maîtriser ses propres récits et de défendre ses intérêts sur la scène mondiale. Un espace médiatique africain, pluraliste et crédible, pourrait contribuer à renforcer la confiance entre les peuples du continent et à accroître son influence internationale.

Le succès de POA dépendra de sa capacité à fédérer journalistes, éditeurs et acteurs de la société civile tout en conciliant ambitions panafricaines et identités nationales. La concurrence avec les géants mondiaux de l’information — tels que CNN, BBC ou France Télévisions — sera rude, tant leurs moyens financiers et technologiques sont considérables. Mais l’exemple de la Chine, de la Russie ou encore des pays du Moyen-Orient, qui ont su développer des réseaux médiatiques puissants, montre que ce défi n’est pas insurmontable.

L’un des atouts majeurs de POA est qu’il s’agit d’une initiative née du continent lui-même. Elle ne dépend pas de financements extérieurs ni d’agendas politiques venus de l’étranger. Dans les prochains mois, des bureaux régionaux verront le jour à Nairobi, Accra, Dakar et Lagos. La plateforme lancera également un portail multilingue en anglais, français, arabe, portugais et amharique, reflétant la diversité linguistique et culturelle du continent.

Le lancement de POA intervient à un moment où l’Afrique attire une attention mondiale croissante. Forte de ses ressources naturelles (plus de 60 % des réserves minérales mondiales) et de sa jeunesse dynamique, elle s’impose de plus en plus comme un moteur du développement et de l’innovation à l’échelle planétaire.

Ainsi, Pulse of Africa n’est pas seulement un projet africain : c’est un acte fondateur d’un nouvel ordre médiatique mondial, où l’Afrique prend la parole, affirme sa dignité et participe activement à la construction d’un monde véritablement multipolaire.

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